Les frondeurs ont décidé, donc, de passer à l'acte, en convoquant pour aujourd'hui une session extraordinaire du Comité central au siège central du parti, sis à Hydra. “Avec ou sans lui (Belkhadem, ndlr), la réunion se tiendra”, affirme-t-on. Les parties en conflit au sein du FLN ne sont pas parvenues à entamer une trêve salvatrice à la veille du démarrage de la campagne électorale. Malgré les efforts de médiation, les assurances de Belkhadem quant à sa disposition au dialogue et surtout ses promesses de tenir une session du Comité central après le 10 mai, les frondeurs ne désarment pas et veulent aller, tout de suite, vers une session extraordinaire du Comité central pour déloger Belkhadem. “Le mouvement d'unification et de réforme partisane” a tenté de rapprocher les adversaires en faisant valoir l'intérêt du parti avant toute autre considération, sachant que la campagne électorale débute dans quelques jours. Si Belkhadem affirme être prêt à dialoguer avec les frondeurs, ces derniers, par la voix de Boudjemaâ Haïchour, refusent tout dialogue et veulent aller directement à la session extraordinaire du Comité central. Belkhadem a multiplié les annonces ces derniers jours, en réitérant sa disponibilité à se retirer de la tête du parti après le 10 mai. Il estime que l'action des frondeurs est beaucoup plus une atteinte à l'intérêt du parti qu'à sa personne et persiste à dire que la priorité est de faire gagner les listes du FLN et de reporter “le règlement de comptes” après les élections. Mais les frondeurs ne l'entendent pas de cette oreille. Ils craignent que le SG du FLN ne cherche à gagner du temps, comme il l'a fait avec “les redresseurs” menés par Salah Goudjil. Dans un communiqué transmis à notre rédaction, les frondeurs affirment avoir réuni les signatures de plus de deux tiers des membres du Comité central. Ils accusent ouvertement Belkhadem de “rouler pour d'autres courants politiques (les islamistes sans les nommer), en vue de changer la composante humaine et la ligne politique du parti pour ses ambitions personnelles”. Tout en appelant à une participation massive au scrutin, afin de garantir le leadership du parti, ils appellent les membres du Comité central “à résister aux tentatives de corruption, de menace et d'exclusion exercées par le SG, pour démettre certains secrétaires de mouhafadha et la fermeture du siège central du parti”. Dans ce climat délétère, Belkhadem a dû recourir à la fermeture du siège du parti sis à Hydra et transférer ses bureaux à l'hôtel Mouflon d'or sis au parc zoologique de Ben Aknoun. Même si, officiellement, on ne veut pas parler de fermeture, encore moins de congé forcé accordé aux employés permanents du siège central, la direction du parti a choisi de déloger ses activités pour fuir les frondeurs et les empêcher de tenir leurs réunions au sein du siège du parti. Les frondeurs s'y sont rendus hier et y ont organisé une ultime réunion, avant la tenue, aujourd'hui, de la session extraordinaire du Comité central, alors que, pour la direction du parti, les choses ne se présentent pas mieux, non plus, sachant que la direction de l'hôtel Mouflon d'or a refusé que la structure hôtelière ne serve de siège parallèle à un parti. Les tentatives de la direction du parti d'arracher une autorisation de la part des services de la wilaya sont restées vaines jusqu'à présent. La réunion du Comité central d'aujourd'hui risque de sonner le glas pour Belkhadem. Mais, en cas de chute de Belkhadem, le parti parviendra-t-il à défendre sereinement ses chances lors des élections législatives ? Attendons pour voir. A B