Il n'y aura pas de destitution de Belkhadem avant l'élection législative. Ce dernier pourra mener, dès aujourd'hui, la campagne électorale de son parti. Les frondeurs n'ont donné aucune instruction aux militants concernant le comportement à adopter vis-à-vis de Belkhadem en campagne. Ils n'ont pas donné, non plus, de consignes de vote au profit des listes du FLN. Ils ont juste insisté sur une forte participation et la défense des chances du parti. La session extraordinaire du comité central, tant attendue, a finalement eu lieu hier à la kasma de Badjerrah. Officiellement, 207 membres du comité central, dont 176 présents et 31 procurations, ont marqué leur présence à cette réunion autorisée et entourée d'un remarquable dispositif de sécurité. Au bout de plusieurs hésitations, cette réunion a accouché d'un communiqué reprenant les termes déjà énoncés lors de la réunion du 9 avril, au siège central du part, à savoir le retrait de confiance à Belkhadem et de son bureau politique. Seule nouveauté : la session extraordinaire du comité central est déclarée ouverte jusqu'au 19 mai prochain. En d'autres termes, Belkhadem pourrait mener la campagne sans être inquiété et mener à terme son projet. C'est ce qu'il voulait et c'est ce qu'il ne cessait de revendiquer. Ce revirement s'explique, selon les frondeurs, par le souci de “préserver le parti et de défendre les réformes politiques du président de la République”. Alors qu'ils avaient prévu la désignation, hier, d'une direction provisoire qui gérerait la campagne électorale du parti, les frondeurs ont décidé de reporter cette bataille à l'après-élection. Pour Boudjemaâ Haïchour, “on est samedi, les tribunaux ne travaillent pas, donc, on ne peut pas ramener de huissier”. Le chef de file des frondeurs ne cache pas, toutefois, l'existence de plusieurs courants au sein du parti et que chacun essaye de défendre ses idées, pour expliquer ce revirement de dernière minute. “Vous savez, nous étions 117 le 9 avril à Hydra. Il y a des gens qui ont envoyé des procurations, d'autres qui appellent pour dire qu'ils sont avec nous, mais il y a aussi des revirements, des hésitations.” Boudjemaâ Haïchour, qui ne cache pas son ambition de succéder à Belkhadem, sait qu'il doit composer avec les autres ténors du parti. D'ailleurs, Si Affif était bien présent et tentait de mener son groupe au sein de la salle, tout comme Frikha, l'ex-chef de cabinet de Belkhadem, ou encore l'ex-ministre Hmimid. À tout ce beau monde, il faudrait ajouter l'arrivée remarquée de Amar Saâdani, que beaucoup donnent comme successeur de Belkhadem. Mais dans la salle, beaucoup de membres du comité central étaient toujours décidés à démettre “tout de suite” Belkhadem et n'arrivaient pas à comprendre pourquoi on devrait reporter cette échéance. Beaucoup de membres du comité central se sont exprimés, avant et pendant la session extraordinaire en faveur du départ immédiat du secrétaire général et de son bureau politique et l'installation d'une direction provisoire et d'un porte-parole officiel. Abbas Mekhalif, rencontré sur les lieux, estime que la sagesse doit primer. Tout en précisant qu'il n'était pas candidat et qu'il était contre tout esprit de vengeance, il estimera que “même s'il y avait 50 militants le 9 avril au siège central, Belkhadem aurait dû convoquer le comité central et débattre de ce qui n'allait pas. Or, il a choisi de les ignorer. En tout cas, Belkhadem a réussi à réunir tous les cadres et tous les militants contre lui”. Pour Abbas Mekhalif, “le FLN doit donner un exemple en matière de gestion démocratique du parti, mais aussi en faisant face aux dangers qui guettent le pays”. La réunion n'a pas duré plus de deux heures. Juste le temps de réaffirmer que les membres du comité central sont contre la démarche de Belkhadem et le tiennent comme responsable de la probable débâcle du parti aux législatives. Maintenant que la campagne électorale est lancée, Belkhadem aura à moins d'un mois pour prouver que ses adversaires ont tort ou, au contraire, arriver à la conclusion qu'il ne pourra plus diriger un parti où il ne dispose plus de soutiens. A B