Il est commun que “traduire, c'est trahir”, et la traduction littéraire constitue un des exercices les plus difficiles parce qu'il est demandé au traducteur de saisir la complexité d'un texte, en tenant compte de l'aspect linguistique, littéraire et culturel. Pour saisir certains contours de ce périlleux exercice et confronter les expériences, le réseau Eunic/Alger (créE en juin 2011 à l'initiative de Mme Aloisia Wörgetter, ambassadeur d'Autriche, inscrit ses objectifs dans celle du groupe Eunic, qui encouragent le dialogue et tend davantage à développer les capacités dans tous les métiers des arts, de l'industrie créative et de l'éducation), présidé par Mme Marie-Henriette Timmermans, déléguée Wallonie-Bruxelles, organise du 22 au 24 avril à la salle de conférences du centre culturel Azzeddine-Medjoubi, “Métamorphoses : rencontres sur la traduction littéraire”. Il sera question d'ateliers et de lectures de textes (la séance de demain à 13h30 sera ouverte au public). La séance d'hier matin modéré par Mme Timmermans a permis aux écrivains Hamid Grine (Algérie), Pascale Petit (Grande-Bretagne), Mostafa Fassi (Algérie), et le dramaturge autrichien (Martin Walz) et traducteurs (Malika Benbouza, Ibrahim Sahraoui, Lotfi Zekraoui, Wafa Bedjaoui, Walid Grine, Makhlouf Rezzoug, Tahar Ladjal) de se présenter et d'expliquer les grandes lignes de leur travail. L'écrivain Hamid Grine a été le premier à raconter son parcours et à revenir sur les principales étapes de son métier d'écriture (journaliste, biographe, essayiste, romancier et nouvelliste). Pascale Petit est également revenue sur son parcours de globe-trotteuse, passionnée de poésie, de sculpture, de poésie féminine chinoise — elle a traduit six poétesses chinoises — et de l'œuvre de Frida Kahlo — elle a réalisé un recueil de poésie où chaque poème porte le titre d'une des œuvres de l'artiste mexicaine. Mohamed Fassi a relaté sa riche expérience dans le domaine de la traduction, et Martin Walz — qui travaillera dans le cadre d'un atelier aux côtés de la traductrice Françoise Wuilmart (Belgique Wallonie-Bruxelles) sur la traduction d'un texte de Stefan Zweig (écrivain et dramaturge autrichien) — a affiché son admiration pour l'œuvre de Stefan Zweig dont l'œuvre est saisissante et porteuse d'une grande dimension humaine et contemporaine. Françoise Wuilmart, directrice du Centre européen de traduction littéraire et du Collègue européen des traducteurs littéraires de Seneffe, a souligné “l'importance et la responsabilité du traducteur littéraire”, tout en considérant que pour bien traduire, il faudrait que le texte plaise à son traducteur. Mme Wuilmart a également signalé que “la traduction, c'est la seule vraie lecture”, dans le sens où il est question de “traduire le sens” et saisir “l'enveloppe de la langue”. Pour elle, il y a une dimension analytique et une autre récréative dans le métier de traducteur littéraire, ainsi qu'une autre relative à la tolérance : “Il y a une autre vision du monde qui se décompte dans la langue. Il faut entendre la voix du texte.” Résultat de cette première journée (où les étudiants étaient très peu nombreux, et en l'absence des acteurs algériens de l'édition) : un traducteur tient toujours compte des facteurs interculturels d'un texte. S K