RESUME : Ibtissem trouve étrange que sa belle-mère ne l'attaque pas tout de suite. Ou attend-elle des preuves de son infidélité ? Ibtissem a hâte de partir. Le lendemain, elle se rend chez ses parents. Ils sont tristes du fait qu'elle parte aussi loin. Elle ne se confie pas à sa mère, qui a remarqué sa tristesse. Elle a honte. Fethi la prend par surprise, lui proposant de partir avant. Elle n'aura pas à affronter la colère de sa belle-mère. Elle ne l'imagine pas le laisser partir sans cri, sans larmes... Lorsqu'Ibtissem arrive à Oran, il fait déjà nuit. Il est un peu plus de neuf heures quand elle entre dans sa nouvelle maison, un grand appartement donnant sur la mer. Comme on le lui avait dit, il y a un vieux lit, un vieux frigo et une plaque chauffante. Quelques cadres ornaient les murs blancs. Et le plus important, de l'eau courante. L'appartement est propre, pas un grain de poussière. Elle pose ses bagages dans la première chambre. Elle sort le portable de son sac à main et elle trouve plusieurs messages. Tous de Madjid. Elle les supprime sans chercher à connaître leurs contenus. Aucun appel, aucun message de son mari. Elle espère que d'ici quelques minutes il allait l'appeler. Très anxieuse, elle n'arrive pas à dîner. La pizza qu'elle avait achetée en route lui paraît sans goût. Son estomac est noué. Depuis qu'elle était montée dans l'avion, l'angoisse l'avait gagnée. Un pressentiment ne la quittait plus depuis. Sa belle-mère allait piquer une colère en apprenant qu'ils ne vivront plus avec elle. C'est sûrement à cet instant-là qu'elle lui apprendra son infidélité, qu'elle lui sortira toutes les preuves pour bien le convaincre. Ibtissem se demande quelle sera la réaction de son mari. Jamais elle ne l'avait vu en colère. Elle sait qu'il réagira... mais que fera-t-il ? Quel sera le degré de sa réaction ? Ibtissem s'assoie sur le lit, fatiguée par le voyage et à force de tourner en rond dans toutes les pièces vides. Heureusement qu'elle a eu cette occasion en or de quitter Alger, de donner un nouveau départ à sa vie. Mais il faudra que la chance soit de son côté. Et elle en doute fort maintenant. Cela fait plusieurs heures depuis qu'elle était arrivée. Fethi tardait à l'appeler. Et si je l'appelais, songe Ibtissem dès qu'elle croise du regard son téléphone portable qu'elle a posé sur la table. Elle hésite un peu puis l'envie de savoir ce qui le retient la pousse à décrocher. Elle compose plusieurs fois le numéro mais c'est la voix de l'opératrice qui lui annonce que le portable est hors champ. Elle appelle sur le fixe de la maison et sursaute quand on décroche. C'est sa belle-mère Houria qui lui répond. Fethi doit être dans sa chambre. Pourtant il n'est que dix heures. Il devait être fâché avec sa mère. Celle-ci avait dû lui dire bien des choses, une fois en colère. - Allô ? Qui est à l'appareil ? demande Houria. Parlez ! - C'est moi… Je voudrais parler à Fethi, répond Ibtissem. - Petite garce ! Tu as préféré la fuite quant à affronter ton mari ! Il est au courant… Madjid est venu lui parler ! - Comment a-t-il osé le faire ? s'écrie Ibtissem, sentant une sueur froide lui mouiller le dos. Que lui a-t-il dit ? - Tout ce que tu as fait durant ces dernières semaines, répond sa belle-mère. Il ne peut pas y avoir sur Terre plus garce que toi… Enfin, tu as bien fait de fuir… Fethi t'aurait lynchée sur place ! Ibtissem trouve que sa belle-mère exagère. Même furieux, il ne la toucherait pas. Fethi est de nature très calme. Il est sûr qu'il lui en voudra à mort et demandera le divorce. L'idée même la fait souffrir. Elle regrettera toute sa vie de s'être laissée aller. Elle aime son mari plus que jamais. Comment pourra-t-elle vivre sans lui ? Si elle avait décidé de s'installer définitivement à Oran, c'est pour s'éloigner de tout ce qui pouvait troubler son cœur. Pour pouvoir vivre son bonheur avec Fethi. - Où est-il ? Il faut que je lui parle ! dit-elle à sa belle-mère. - Il refuse… Vous n'avez plus rien de commun, lui répond cette dernière. Tu pourrais envoyer ou me donner ta nouvelle adresse… il en aura besoin pour la remettre à son avocat ! - Je tiens à lui parler ! insiste Ibtissem, s'efforçant de ne pas pleurer, même si les larmes lui brûlaient les paupières. Il doit entendre ma version. - Non… On s'en passera… - Tu sais que c'est de ta faute ! crie Ibtissem en éclatant en sanglot. Tout ce qui est arrivé… - Tu es entièrement responsable de tes actes… ne nous appelle plus… Ton avocat se chargera des contacts et règlera les problèmes sans que nous ayons à se voir ! Sur ce, sa belle raccroche, Ibtissem aurait dû s'y attendre. Houria allait tout faire pour qu'il n'y ait aucun contact entre eux, pour s'assurer que leur relation ne reprend pas leur ancien cours. Elle sait combien ils sont attachés l'un à l'autre. Fethi, même atrocement déçu, ne pourrait pas mettre un terme à leur mariage sans qu'elle se soit expliquée. Ibtissem prie pour qu'il l'appelle, une fois la colère apaisée. Elle ne dort pas de toute la nuit, et celles qui suivent lui paraissent durer des mois. Fethi ne s'est pas manifesté. Quand elle appelle, c'est toujours sa belle-mère qui répond, avant de lui raccrocher au nez. Ibtissem n'ose pas appeler chez ses parents. Elle a tellement honte. Rien ne peut expliquer pourquoi elle avait fauté. Rien ne pouvait la pardonner. Surtout sa mère. Et c'est pourquoi elle ne la contacte pas. Elle n'aura pas la force de supporter ses reproches et la peine qu'elle lui affligera en confirmant. Les jours se comptabilisent en semaines sans qu'il y ait du nouveau sans sa vie. Elle est contrainte à reprendre son travail, à son nouveau poste. Sa mine triste et pâle fait peine à ses collègues. Elle ne peut rien dire. Elle n'a pas d'ami à qui se confier. Ses collègues semblent si compréhensifs et supportent sa mauvaise humeur. Comme s'ils étaient au courant qu'un drame lui était survenu dès son arrivée à Oran. Lorsqu'Ibtissem s'en aperçoit, elle est toute intriguée. Pour savoir, un matin, elle convoque sa secrétaire. Peut-être que celle-ci a quelque chose à lui apprendre… (À suivre) A. K. Vos réactions et vos témoignages sont les bienvenus : [email protected]