Portées candidates par obligation, pour satisfaire à une exigence de la nouvelle loi électorale, les femmes inscrites sur les listes des partis en lice ne seront pas forcément députées au sein de la prochaine assemblée nationale. Et pour cause, elles sont très souvent classées en bas de liste, et n'occupent que très rarement les premières positions, encore moins celle de tête de liste. Qu'un parti, un seul, ait eu “l'audace” de présenter une liste composée exclusivement de femmes dans une circonscription électorale, une seule, ne changera rien à ce qui se profile déjà comme une certitude : le taux de femmes dans la prochaine APN sera inférieur au quota que la loi leur assure dans les listes de candidature. L'engagement de “réformes politiques” dans la précipitation, sous la pression d'événements régionaux que le pouvoir n'a pas vu venir, va, ici encore, peser lourdement sur les chances de succès d'une telle “initiative”. On le voit déjà à la lumière de la campagne électorale en cours : “les lois des réformes”, appelons-les ainsi, n'ont pas empêché que s'élargisse le fossé entre les citoyens et la politique, entre les électeurs et les élections. Pourtant, les Algériens ne sont pas génétiquement fermés ou réfractaires à une vie politique intense, musclée et animée par des “acteurs-gladiateurs” à même de lui assurer cette dimension spectaculaire qui reste la condition sine qua non pour susciter l'intérêt des citoyens. Bien au contraire, ils en sont demandeurs. La preuve, si besoin est, en aura été donnée mercredi dernier, à l'heure du face-à-face Hollande-Sarkozy, pourtant franco-français. Les rues d'Alger et des autres villes, comme la plupart des routes du pays, étaient presque désertes et les Algériens étaient des millions à suivre le débat sur France 2 ou TF1, pendant que les candidats aux législatives algériennes prêchaient dans le désert via l'ENTV. Les femmes auraient sans doute été plus présentes aujourd'hui dans la vie politique, sans que l'on ait besoin d'une loi, si le pouvoir ne s'était pas investi, particulièrement depuis 1999, à étouffer la vie politique elle-même. Juste parce qu'il tenait à museler toute opposition. On ne répare pas par une loi les effets dévastateurs d'une politique appliquée sans répit pendant des années. Le taux de présence des femmes dans la future assemblée prend, du coup, sa juste valeur, celle d'un détail. Mais peu importe, puisque leur quota dans les listes de candidatures était destiné à conforter l'illusion de changement. S. C.