La députée européenne du Bloc nationaliste galicien (BNG), l'Espagnole Ana Miranda, a saisi la Commission européenne suite à l'expulsion par le Maroc de journalistes espagnols du Sahara occidental, et dénoncé cette ultime tentative de réduire au silence les médias internationaux soucieux d'informer sur les violations des droits de l'homme dans les territoires occupés. Dans un message publié sur les réseaux sociaux, Ana Miranda a exprimé son soutien au journaliste d'El Independiente, Francisco Carrión, qui s'est vu refuser l'accès à Dakhla, ville du Sahara occidental occupée par le Maroc. "Face à cette expulsion injuste décidée par le Maroc à l'encontre de Carrión pour avoir dit la vérité sur le Sahara occidental, je poserai une question à la Commission européenne sur la protection des journalistes", a-t-elle annoncé. "Face à ces cas d'expulsion et compte tenu de la résolution (...) sur la protection des journalistes dans le monde et la politique de l'Union européenne en la matière : que fera la Commission pour assurer la protection des journalistes dans l'exercice de leurs fonctions ? Que fera la Commission en réponse à ces violations de la liberté d'expression commises par le Maroc ?", s'interroge Miranda, dont la teneur du texte a été publiée par El Independiente. En effet, des médias espagnols ont fait état, ces derniers jours, d'une série d'expulsions du Sahara occidental, un territoire que l'ONG Reporters sans frontières (RSF) considère comme "un trou noir de l'information" en raison du strict contrôle policier et militaire imposé par l'Etat occupant, le Maroc. Ainsi, depuis début 2025, sept Espagnols ont été expulsés du Sahara occidental, l'ancienne colonie espagnole occupée depuis 1976 par le Maroc et considérée par l'ONU comme le dernier territoire à décoloniser en Afrique. Les premiers à être expulsés ont été José Carmona, journaliste de Publico, et les militants d'une association de solidarité avec le peuple sahraoui, Antonio Martinez et Sergio Garcia, qui ont réussi à accéder à Dakhla occupée par la ligne de la compagnie aérienne "Ryanair", récemment inaugurée en violation du droit international. Un jour après leur arrivée, ils ont été arrêtés et expulsés via la ville marocaine d'Agadir. La semaine dernière, les autorités marocaines ont empêché des parlementaires basques d'entrer à Laâyoune occupée. Mercredi dernier, c'est le journaliste d'El Independiente Francisco Carrión qui subira le même traitement de la part de l'occupant marocain. Des organisations de journalistes telles que la Fédération des associations de journalistes d'Espagne (FAPE) et Reporters Sans Frontières, ont condamné l'expulsion des reporters espagnols et exigé que Rabat autorise un "accès libre et sans restriction à la presse internationale". La FAPE a demandé jeudi au ministre des Affaires étrangères espagnol d'"exiger des explications appropriées à son homologue marocain" suite à l'expulsion de Carrión. Selon un rapport publié conjointement par la Ligue pour la protection des prisonniers politiques sahraouis (LPPS) et l'Association française d'amitié et de solidarité avec les peuples d'Afrique (AFASPA), depuis 2014, le Maroc a refusé l'accès ou expulsé du Sahara occidental occupé pas moins de 307 journalistes, professionnels du droit ou militants des droits de l'homme pour avoir tenté d'enquêter sur des violations du droit international humanitaire. Selon ce rapport, au 31 janvier 2025, ces personnes venaient de 21 pays différents sur 4 continents. Notant que le Maroc ne tolère aucun observateur étranger au Sahara occidental depuis 2014, l'AFASPA et le LPPS précisent que Rabat a procédé à 85 expulsions en 2016, 68 en 2017 (dont 5 députés européens), 53 en 2014 et 34 en 2019.