Convaincus que les législatives du 10 mai seront boudées par la population, les parlementaires du Rassemblement pour la culture et la démocratie veulent fructifier la désaffection populaire à l'égard de ce scrutin pour la transformer en une dynamique citoyenne en faveur du changement. “Nous devons transformer le rejet des législatives en une dynamique en faveur du changement”, a soutenu le député Hakim Saheb lors d'une conférence de presse animée hier au siège du parti sis à la rue Didouche-Mourad à Alger en compagnie de Athmane Mazouz, chef du groupe parlementaire et Mohamed Khendek, député de Tipasa pour livrer le bilan des parlementaires du RCD après 5 ans de présence dans l'enceinte parlementaire. Pour Hakim Saheb, la position de son parti de ne pas prendre part aux élections législatives est en phase avec l'exaspération de la population qui, comme en Tunisie, veut “dégager le régime”. “Nous sommes confortés dans notre décision de boycott par une campagne des plus morose et l'indifférence de la population. S'il y a un enjeu, la population n'aurait pas opposé une telle indifférence”, s'est-t-il félicité. “Notre démarche s'inscrit en droite ligne des préoccupations citoyennes. La tendance générale est vers le boycott”, a-t-il ajouté. Connu pour son ironie mordante, le député Aït Hamouda a vu en Abdelaziz Belkhadem et Ahmed Ouyahia “les meilleurs militants en faveur du boycott”. Comment ? “Il suffit de les écouter pour n'avoir aucune envie pour aller voter”, a-t-il expliqué. “50 ans après l'indépendance, les Algériens ont plus suivi la présidentielle française que la campagne pour les élections législatives. C'est un échec total. Ils ont réduit le peuple algérien à moins que rien. Ils doivent être traduits en cour martiale”, s'est encore indigné M. Aït Hamouda. Pour les députés du RCD, le scrutin du 10 mai est “biaisé”. Pourquoi ? Maître Saheb fait appel à deux arguments : le non-assainissement d'un fichier électoral qu'il a d'ailleurs qualifié d'“usine à gaz”, en paraphrasant l'ancien président du RCD Saïd Sadi. Aussi, il propose la mise en place d'une commission d'experts pour procéder à son assainissement. L'autre fait trahissant “une fraude annoncée”, c'est l'absence d'une surveillance qualifiée et massive. C'est pourquoi, a-t-il expliqué, les représentants de l'UE, de l'ONU et du NDI “ont tous assuré que leur mission en Algérie se limite à une observation”. “C'est un coup fatal porté à ce régime”, a-t-il jugé. Question : que fera le RCD pour que le boycott du prochain scrutin ne soit pas “stérile'' ? Réponse de Hakim Saheb : “Nous devons transformer le rejet des législatives en une dynamique en faveur du changement. On doit jeter des passerelles avec la société civile.” Le boycott du RCD est-il une réaction à la participation du FFS ? “Si le FFS a participé, c'est parce qu'il a reçu des garanties d'avoir un quota important et probablement faire partie du prochain gouvernement”, a rétorqué Athmane Mazouz. Qu'en sera-t-il de l'après-10 mai ? “Plus dur sera la chute au lendemain du 10 mai”, présume Hakim Saheb mais qui voit dans cette date “un point de départ pour transformer le rejet de l'actuel processus électoral en un rapport de force et une dynamique en faveur du changement”. A. C.