Les premières informations qui circulaient mardi soir, à la fin du premier jour de vote sur les trois prévus, faisaient état d'un taux ridiculement bas. Redoutée, l'abstention des électeurs algériens en France risque de se confirmer au grand dam des autorités qui ont fait ce qu'elles savent faire pour la conjurer. Il reste encore deux jours mais ils ne sont pas fériés comme le 8 mai. L'affluence a donc peu de chances de bondir. Les images de l'élection présidentielle de 1995 ne sont pas près d'être revues. Ce fut un référendum pour la paix. La participation des émigrés aux législatives n'a jamais été forte. Outre les considérations politiques liées à des appels au boycott, il y a la signification du scrutin lui-même puisque la communauté ne comprend pas l'intérêt d'avoir des députés à Alger. Des causes qui s'ajoutent à celle plus simple de l'éloignement des bureaux puisqu'on ne vote pas dans son quartier ou son village comme on le fait en Algérie. En milieu de matinée, il y avait une petite foule dans les consulats de Paris, Vitry, Bobigny ou Nanterre. Le candidat du FFS, Samir Bouakouir, un peu trop optimiste, a même parlé de “grosse participation”. Sa satisfaction a été tempérée par la “désorganisation” qu'il a pu constater. M. Bouakouir a même parlé de pagaille. Un de ses contrôleurs s'est étonné de ne pas avoir accès à la liste des votants pour vérifier le taux de participation. En réalité, les petites foules se sont effilochées pour laisser des bureaux dégarnis. La présence d'une quarantaine de listes en France a laissé espérer une meilleure mobilisation. Mais on a encore vu les “vieux” plus enracinés dans le pays. Les jeunes, quant à eux, étaient quasiment invisibles. Savaient-ils seulement qu'il y avait des législatives algériennes ? Même pas, selon un petit sondage réalisé par Liberté. Le rugueux duel Sarkozy-Hollande a pu les escamoter. Outre l'abstention, ce sont les candidats du FLN et du RND qui se sont illustrés lors de ce vote. Déjà coupable d'utiliser les symboles de l'Etat, en infraction de la loi, le FLN a imprimé le numéro cinq dévolu à sa liste, le distribuant dans les consulats. Les “chibanis” n'avaient qu'à prendre le 5 posé sur la table pour le glisser dans l'urne. La candidate Chafia Mentalechta s'en est plaint. Elle a été rabrouée, voire expulsée du consulat de Nanterre. “Le consul de Nanterre laisse les gens du FLN faire campagne à l'intérieur même du consulat. Il s'est comporté de manière irrespectueuse vis-à-vis de notre militant qui lui a signalé ce fait contraire à la réglementation”, a dénoncé M. Bouakouir dans un message envoyé à Liberté. À Marseille, ce sont les candidats du RND qui se sont illustrés par leur zèle. Les électeurs convoyés par autocars étaient sommés de ne prendre que le numéro correspondant à leur liste. Ainsi, ils rentreraient plus vite, leur disait-on... A. O.