C'est tout le continent africain qui est représenté à cette rencontre des médias entre l'Afrique et la Turquie, que cette dernière désire utiliser comme tremplin pour y asseoir sa présence dans tous les domaines, notamment économique, comme le montre l'accroissement des investissements turcs dans de nombreux pays. Ankara ne fait pas les choses à moitié, comme l'indique cette présence en masse des médias africains avec plus de 250 journalistes, représentant les cinquante-quatre pays membre de l'Union africaine. En effet, bien que sa représentation diplomatique ne touche pas tous les états africains, la Turquie a ratissé large en invitant le maximum de journalistes. Organisée par la direction générale de la l'information et des médias de l'office du Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, cette manifestation a été officiellement ouverte hier matin à l'hôtel Marriott d'Ankara par Bülent Arinç, le numéro 2 du gouvernement turc. Dans son discours d'ouverture, l'adjoint du Premier ministre turc, absent pour cause de voyage à l'étranger, a donné une idée sur les ambitions de la Turquie en Afrique. Il suffit de voir l'augmentation considérable du nombre d'ambassades turques en Afrique, qui est passé de 12 en 2009 à 31 en 2011, pour comprendre l'intérêt qu'accorde Ankara au continent noir. En effet, le numéro 2 du gouvernement turc a clairement affiché la volonté de son pays d'améliorer ses relations avec les pays africains, en rappelant les positions pro-africaines de la Turquie dans les différents forums internationaux, notamment à l'ONU, où il rappellera qu'elle a été le porte-parole de l'Afrique en 2009 et 2010, lorsqu'elle a occupé un siège au Conseil de sécurité des Nations unies. M. Arinç a cherché à différencier cette politique de charme d'Ankara en direction de l'Afrique de celles des autres pays européens et des autres puissances, affirmant que son objectif premier est d'aider avant tout au développement des populations. Il dira que son gouvernement veut d'abord être aux côtés des pays africains, avant de rechercher autre chose. Il n'en demeure pas moins que les investisseurs turcs sont de plus en plus nombreux en terre africaine. Ankara ne veut pas être en reste en ayant sa part des marchés africains, d'autant plus que ses entreprises sont compétitives sur la scène internationale. De 200 millions de dollars US en 2000, les investissements turcs ont atteint 7 milliards de dollars US. Quant aux projets, ils sont de l'ordre de 39 milliards de dollars US, dont 19% pour l'Afrique du Nord seulement. Ceci étant, les travaux de ce forum turco-africain des médias se poursuivent depuis l'après-midi d'hier dans des ateliers animés par des spécialistes de l'Afrique à travers des débats avec les journalistes africains. Parmi les principaux thèmes figure la politique étrangère et l'économique de la Turquie en direction de l'Afrique. Les avis demeurent toutefois partagés au sein des participants à ce rendez-vous. Certains s'interrogent même sur cette initiative turque en direction de l'Afrique, qui est un continent de cinquante-quatre états alors que la Turquie n'est qu'un seul pays, qui devrait traiter séparément avec tout un chacun. D'autres par contre n'y voient pas d'inconvénient du moment qu'à titre d'exemple, la France, la Chine ou la Russie organisent annuellement des sommets avec l'Afrique. Une chose est sûre, le débat bat son plein et il faut attendre la déclaration finale qui sera adoptée aujourd'hui lors de la clôture des travaux pour être mieux fixé. M. T.