Au lendemain de leur annonce, les résultats locaux et nationaux des élections législatives continuent encore, à Tizi Ouzou, de polariser les attentions et les discussions, qui pour commenter et qui pour exprimer sa satisfaction ou sa déception de cette reconfiguration, à vrai dire classique mais tout de même inattendue, de la scène politique. Bien que la ville n'ait toujours pas repris sa bruyance habituelle, dans les cafés maures où l'on se réfugie pour fuir la chaleur estivale d'hier, les commentaires vont bon train. Si, au niveau national, les résultats sont considérés comme assez surprenants, notamment avec ce retour fracassant du FLN qui a remporté 220 sièges, ceux sortis des urnes à Tizi Ouzou sont plutôt qualifiés des plus classiques. “Une majorité pour un parti d'opposition suivi par des partis du pouvoir : c'est ce qu'il y a de plus classique !” estime Arezki, un transporteur de la région. “Ce sont presque les mêmes députés qui n'ont rien fait durant les cinq dernières années pour leur région qui sont reconduits. Que va-t-on donc attendre de leur part ?” commente un jeune attablé au café Le Moka, du centre-ville. Dans le camp des participants, le grand soulagement vient de la défaite des islamistes alors que dans le camp des abstentionnistes, qui sont plus nombreux, tant le taux de participation n'était que de 19,84%, l'on estime justement que le péril islamiste a été brandi par le pouvoir juste pour permettre ce retour au parti unique suivant la logique qui veut qu'entre deux maux, on choisit le moindre. Un retour en force du FLN qui donne, aux yeux de l'opinion en Kabylie, un avant-goût de ce que seront les réformes promises par le président Bouteflika. Du côté des candidats ayant participé aux élections mais qui n'ont pas eu la chance d'être élus, les commentaires et analyses portent encore sur le déroulement des élections jeudi dernier. Dans un communiqué commun rendu public hier, quatre partis politiques, MNL, RPR, PFJ et FNJS, ont tenu à dénoncer ce qu'ils qualifient de “mascarade électorale du régime qui a sorti des urnes des visages connus et décriés”. “Le résultat de l'élection ne reflète pas ce qu'on a vu durant la campagne électorale et la nouvelle carte politique est loin de refléter les représentativités réelles dans la région”, dira aussi Mustapha Mazouzi, candidat de l'initiative citoyenne parrainée par l'ANR. “Le FFS n'a fait aucun travail durant la campagne et il sort premier des urnes. Des bulletins du FLN et du RND circulaient dans les rues, et lorsque nous avions saisi qui de droit, la police n'est intervenue que deux heures plus tard”, dit-il. Passé le temps des passions et des ambitions, pour les députés fraîchement élus, l'heure est déjà au travail. “On va faire une évaluation politique nationale pour arrêter une stratégie et une démarche à suivre durant tout ce mandat”, expliquera Farid Bouaziz, le fédéral du FFS. Tout en félicitant tous ceux qui ont contribué au bon déroulement de cette élection, Belgacem Azouaou, un des députés du RND reconduit, explique qu'au RND, la démarche de travail est déjà connue. “Ce ne sera que la continuité dans le travail déjà entamé”, dit-il, soulignant qu'elle consiste à “continuer à défendre le développement de la wilaya, porter à bras-le-corps les doléances des citoyens tout en continuant à soutenir ceux qui ont insufflé une dynamique de développement et qui continuent à travailler dans l'intérêt de la wilaya”. Au FLN, les priorités à défendre sont déjà précises. Saïd Lakhdari préfère lancer un appel à ces nouveaux élus pour œuvrer ensemble à défendre l'intérêt de la région qui a grandement besoin, dit-il, d'une véritable relance économique. Pour lui, les premières priorités économiques du FLN dans la wilaya sont déjà fixées. Il s'agit d'un programme spécial d'alimentation en gaz naturel, d'un autre plan spécial de soutien à l'agriculture de montagne, du nouveau CHU de Tizi Ouzou, de la concrétisation du projet de la centrale électrique d'Azeffoun et la réalisation davantage de zones d'activité à l'effet de permettre la relance de l'investissement créateur d'emplois permettant de réduire le chômage. S L