Avoir un ministre tête de liste dans une élection législative est un choix payant. Les trois principales formations du pays l'ont bien compris. Même si, au FLN, seuls quelques ministres ont été admis “exceptionnellement” sur les listes de candidatures, il n'en demeure pas moins que leur apport a été déterminant. C'est le cas notamment pour Tayeb Louh qui a permis à son parti de rafler la mise à Tlemcen, et malgré une inimité avec le wali, mais aussi une levée de boucliers des membres du comité central de son propre parti contre sa candidature, le ministre du travail a réussi à arracher les huit sièges dans la capitale des Zianides. Il est vrai que Tlemcen est acquise au président de la République, qui n'est autre que le président d'honneur du FLN, mais le score obtenu par Tayeb Louh relève de l'exploit. Un autre ministre FLN, pourtant décrié par les membres du Comité central, a fait du cent pour cent. Amar Tou en l'occurrence, qui s'est adjugé les huit sièges de la wilaya de Sidi Bel-Abbès, où il a conduit la liste du parti. Pour le RND, c'est Chérif Rahmani qui sauve la mise. À Djelfa, sa région natale où il jouit d'une grande popularité, il a obtenu la moitié des sièges. Sept en tout dans l'escarcelle du RND, qui avait tant besoin de ces “valeurs sûres” dans une élection où le parti d'Ahmed Ouyahia était menacé de partout de son frère ennemi, le FLN, mais surtout des islamistes. Chérif Rahmani, dont l'influence à Djelfa n'est plus à démontrer, a préféré l'assurance que lui assure sa ville natale, au risque de se jeter dans la bataille d'Alger où tous les partis ont mis de gros moyens. Stratégie payante pour le ministre de l'environnement, puisqu'il est le seul à avoir mené une liste du RND qui rapporte sept sièges dans une seule wilaya. Côté islamistes, Amar Ghoul, ministre MSP des travaux publics, a réussi, à lui seul, de ramener quasiment la moitié des sièges obtenus par l'alliance verte. En menant une campagne comme personne, où tombolas, carnavals et autres virées dans les quartiers populaires ont pris le dessus sur les discours et les meetings, le ministre des autoroutes a mis le paquet. L'on parle de plusieurs centaines de milliards de centimes déboursés pour sa campagne. Alors que l'alliance a réalisé de piètres résultats, un peu partout à travers le territoire, la “performance” de la liste conduite par Amar Ghoul constitue une exception de taille, d'autant plus qu'il s'agit de la très symbolique capitale. S'il est vrai que les ministres candidats ont, plus ou moins, respecté la consigne de ne pas utiliser les moyens de l'Etat pour les besoins de la campagne électorale, il est vrai aussi que bon nombre d'entre eux n'en avaient même pas besoin. Par contre, certains, à l'image d'Amar Ghoul, ne se sont pas gênés pour mettre en évidence les réalisations du président de la République sur leur propre compte. Amar Ghoul a confectionné des posters géants où sa photo se disputait l'espace de l'autoroute Est-Ouest. En fait, ce ne sont pas tant “ses” réalisations qui l'ont rendu si populaire, mais plutôt sa médiatisation télévisée à outrance durant plus d'une décennie. A B