L'Iran et l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) ont repris hier à Vienne des discussions sur le programme nucléaire controversé de Téhéran, considérées comme un test avant une réunion avec les grandes puissances le 23 mai à Bagdad. “Nous sommes ici afin de poursuivre notre dialogue dans un esprit positif”, a déclaré le chef des inspecteurs de l'AIEA, le Belge Herman Nackaerts, à son entrée dans la représentation permanente de la République islamique auprès des Nations unies, où la réunion doit se dérouler jusqu'à aujourd'hui. Les discussions avaient été interrompues il y a près de trois mois après l'échec de deux visites à Téhéran d'inspecteurs de l'agence de l'Organisation des Nations unies (ONU). Ces derniers avaient affirmé s'être vu refuser l'accès au site militaire de Parchin, où l'Iran aurait, selon les soupçons de l'agence, procédé à des tests d'explosion conventionnelle pouvant être applicables au nucléaire, ce que Téhéran dément. “L'objectif de ces deux jours est de trouver un accord sur une approche visant à résoudre toutes les questions en suspens avec l'Iran”, a indiqué Herman Nackaerts, en particulier celles concernant la possible dimension militaire du programme nucléaire de la République islamique. “Il est important que nous abordions la substance de ces questions et que l'Iran nous laisse accéder aux personnes, documents, informations et sites” pouvant aider à leur clarification, a-t-il insisté. Ces questions ont été soulevées dans un rapport très critique de l'agence en novembre 2011, où elle avait présenté un catalogue d'éléments indiquant que l'Iran avait travaillé à la mise au point de l'arme atomique jusqu'en 2003 et, peut-être, ensuite. L'ambassadeur iranien auprès de l'AIEA, Ali Asghar Soltanieh, qui mène les discussions à Vienne, avait qualifié le rapport de “non professionnel, déséquilibré, illégal et politisé”. Il s'en était suivi une montée des tensions entre la communauté internationale et l'Iran, ainsi qu'un renforcement des sanctions des états-Unis et de l'Union européenne. La reprise du dialogue à Vienne est considérée par de nombreux experts et diplomates comme un test des intentions de l'Iran avant la tenue le 23 mai à Bagdad d'une réunion-clé avec le Groupe 5+1 (états-Unis, Chine, Russie, France, Grande-Bretagne et Allemagne). Cette rencontre, qui fait suite à une reprise de contact jugée positive en avril à Istanbul, doit permettre d'entrer dans le vif du sujet. “Si l'Iran et l'AIEA font quelques progrès, je pense que le Groupe des 5+1 verra cela de façon positive”, a indiqué hier un diplomate occidental sous le couvert de l'anonymat. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi, avait déclaré samedi que son pays souhaitait une “solution acceptable” par toutes les parties à Bagdad, selon l'agence de presse officielle iranienne Irna. Dimanche, le négociateur en chef iranien pour le nucléaire, Saïd Jalili, avait de son côté mis en garde l'Occident contre “tout mauvais calcul” qui “empêcherait le succès des négociations”. Téhéran a suggéré qu'il serait prêt, sous condition, à accepter de renoncer à l'enrichissement de l'uranium jusqu'à 20%, au cœur de son conflit avec les grandes puissances. Selon le quotidien américain Los Angeles Times, les états-Unis pourraient envisager de laisser l'Iran enrichir à un faible degré de pureté pour produire de l'électricité. Enrichi jusqu'à 90%, l'uranium entre dans la composition de l'arme atomique. L'Iran est soupçonné par les Occidentaux et Israël de vouloir fabriquer l'arme atomique, malgré ses démentis répétés. Le pays fait l'objet de six résolutions de l'ONU pour son programme nucléaire, dont quatre assorties de sanctions. R. I./Agences