Une équipe d'experts de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) devait se rendre, hier, en Iran pour tenter de renouer une ébauche de dialogue avec Téhéran sur son programme nucléaire controversé, sur fond de vives tensions entre le pays et l'Occident. Cette visite de trois jours, dirigée par le chef des inspecteurs, le Belge Herman Nackaerts, a pour mission de régler toutes les questions importantes en suspens au sujet du programme nucléaire de l'Iran, soupçonné par les grandes puissances de vouloir se doter de l'arme atomique, avait expliqué l'agence onusienne. L'objectif paraît ambitieux, soulignent plusieurs experts interrogés. En partie parce que les inspecteurs de l'agence ne devraient pas avoir accès à certaines installations incriminées dans le très critique rapport de l'AIEA en novembre. Ce n'est pas une mission de vérification, souligne le Finlandais Olli Heinonen, prédécesseur de Herman Nackaerts et aujourd'hui consultant auprès du centre Belfer des sciences et affaires internationales, dépendant de l'Université de Harvard aux Etats-Unis. Mon impression est qu'il s'agit de discussions sur des discussions, a-t-il dit. Il n'y a rien à en attendre sur les principaux dossiers, abonde le Français Bruno Tertrais, maître de recherches à la Fondation pour la Recherche Stratégique (FRS). Nous coopérerons avec eux sur des bases techniques, a fait savoir de son côté l'ambassadeur iranien auprès de l'AIEA, Ali Asghar Soltanieh, appelant les inspecteurs à faire preuve d'une approche professionnelle dans un entretien à la presse iranienne. Téhéran accuse régulièrement l'AIEA de n'être qu'un instrument dans les mains des grandes puissances, Etats-Unis en tête, et a jugé politisé le dernier rapport de l'agence. Le directeur général de l'AIEA, le Japonais Yukiya Amano, y avait présenté un large faisceau d'éléments, jugés crédibles, indiquant que l'Iran avait travaillé (contrairement à ses dires) à la mise au point de l'arme nucléaire. Une assertion rejetée en bloc par Téhéran. Le conseil des gouverneurs de l'AIEA avait alors adopté une résolution enjoignant l'Iran à coopérer sans délai avec l'agence. Les inspecteurs vont chercher à obtenir des réponses à ces questions et il incombe à l'Iran de les y aider, a récemment souligné la porte-parole du département d'Etat américain, Victoria Nuland. L'agence enquête depuis huit ans, sans être en mesure de déterminer avec certitude si le programme nucléaire iranien est de nature purement pacifique, comme l'affirme la République islamique, ou bien également militaire. La publication du dernier rapport et la pression internationale sans précédent qui a suivi n'ont pas empêché l'Iran de lancer la production d'uranium enrichi à 20% à Fordo, dans un site enfoui sous une montagne et difficile à attaquer. Une décision dénoncée comme une nouvelle provocation par les grandes puissances. Enrichi à 90%, l'uranium peut être utilisé à la fabrication d'une bombe. L'Union européenne a décrété dans la foulée des sanctions contre les exportations pétrolières iraniennes, qui viennent s'ajouter à une batterie de sanctions prises contre l'Iran, notamment dans le cadre des Nations unies. L'AIEA n'est pas responsable des discussions politiques avec l'Iran, menées par le groupe 5+1 ((Etats-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne, France et Allemagne). Ces discussions sont toutefois dans l'impasse. Il est concevable qu'après la mission de l'AIEA et après des discussions (éventuelles) avec le groupe 5+1, nous obtenions au moins dans un premier temps un engagement sur un plan de route en vue de négociations sur le long terme, souligne Marks Hibbs, expert chez Carnegie Endowment for International Peace à Londres. Mais nous n'avons rien vu de tel depuis 2003, souligne-t-il. L'AIEA réclame un dialogue avec l'Iran Le chef des inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Herman Nackaerts a déclaré, avant-hier, attendre de Téhéran qu'il dialogue avec l'AIEA sur son programme nucléaire controversé, avant son départ pour une visite de trois jours en Iran. Nous sommes impatients de commencer le dialogue, un dialogue qui aurait dû être entamé depuis déjà très longtemps, a-t-il déclaré à des journalistes à l'aéroport de Vienne. Nous espérons en particulier que l'Iran va discuter avec nous sur une possible dimension militaire de son programme nucléaire, a-t-il ajouté. Nous essayons de résoudre toutes les questions en suspens avec l'Iran, a-t-il encore ajouté. Le Belge mène une équipe de six experts de l'AIEA, dont le numéro deux de l'agence onusienne Rafael Grossi. Il a refusé de dire avec quels responsables iraniens ils allaient s'entretenir. La mission vise, selon l'AIEA, à régler toutes les questions importantes au sujet du programme nucléaire de Téhéran, soupçonné par les puissances occidentales de vouloir se doter de l'arme atomique, ce que le pays dément. Nous avons des informations indiquant que l'Iran a engagé des activités relatives au développement d'un engin explosif nucléaire, avait déclaré le directeur général de l'AIEA, Yukiya Amano, vendredi, à Davos (Suisse), demandant à l'Iran de clarifier sa situation par l'intermédiaire de la mission à venir. Le Japonais avait dit espérer que l'Iran adopte une approche constructive, alors que les efforts précédents de l'agence s'étaient heurtés à un manque de coopération. L'agence enquête depuis huit ans, sans être en mesure de déterminer avec certitude si le programme nucléaire iranien est de nature purement pacifique, comme l'affirme la République islamique, ou bien également militaire. Dans un rapport publié en novembre, l'AIEA avait toutefois présenté un large faisceau d'éléments, jugés crédibles, indiquant que l'Iran avait travaillé à la mise au point de l'arme nucléaire. Une assertion rejetée en bloc par Téhéran.