La visite de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) en Iran a été peu fructueuse, jugent des diplomates, pour qui Téhéran est plus que jamais sous pression de s'engager dans une réelle coopération avec l'agence sur son programme nucléaire controversé. Certes le chef des inspecteurs de l'AIEA Herman Nackaerts a qualifié sa récente visite de trois jours en Iran de bonne, mais diplomates et experts interrogés à Vienne, siège de l'agence onusienne, mettent en garde contre une surinterprétation de ses propos. Cela n'était pas un commentaire substantiel, mais plutôt une remarque impromptue faite à l'aéroport au retour de la mission, estime un diplomate occidental sous couvert d'anonymat. Rien n'indique que l'Iran ait proposé de coopérer de façon substantielle afin de répondre aux questions de l'AIEA, abonde un autre diplomate. Le pays a semblé se focaliser davantage sur les modalités que sur le fond, a-t-il ajouté. Les membres de l'équipe de l'AIEA n'ont pas pu rencontrer l'ensemble des responsables iraniens qu'ils souhaitaient voir, affirme le premier diplomate. Ils n'auraient par ailleurs pas été autorisés à se rendre sur des sites où l'Iran aurait mené des activités pouvant servir au développement de l'arme nucléaire. Dans l'annexe de son rapport très critique paru en novembre, l'AIEA avait évoqué, sur la foi de documents fournis par des Etats membres de l'agence, la présence d'un container pouvant servir à tester des explosions sur le site militaire de Parchin, situé à une trentaine de kilomètres de Téhéran. L'équipe de l'AIEA n'a visité aucun site nucléaire, mais l'Iran était prêt à leur faciliter de telles visites, avait déclaré le chef de la diplomatie iranienne Ali Akbar Salehi. Parchin n'est toutefois pas répertorié comme un site nucléaire. La visite d'Herman Nackaerts était un premier pas dans la bonne direction à la lumière des tensions ayant suivi la publication du rapport de l'AIEA en novembre, reconnaissent experts et diplomates. Mais les attentes concernant la nouvelle mission prévue les 21 et 22 février seront nettement plus élevées. Elle servira de test pour mesurer la volonté de l'Iran de dialoguer avec la communauté internationale, à un moment où les puissances occidentales renforcent leurs sanctions contre le pays. Il est possible que l'Iran fournisse des informations supplémentaires à l'AIEA lors de la prochaine rencontre, espère Peter Crail, expert de la non-prolifération à l'Association du contrôle des armements à Washington. Mais il est improbable que des progrès significatifs aient lieu jusqu'à ce que l'Iran passe aux aveux concernant ses travaux sur une ovige nucléaire, dont il est fait référence dans le rapport, ajoute-t-il. Au cas où aucun progrès n'est fait, ce ne sera pas bon pour l'Iran, estime le premier diplomate, alors que l'AIEA devra rédiger son nouveau rapport sur la République islamique en vue de la réunion du conseil des gouverneurs le 5 mars à Vienne. L'agence ne se fait pas d'illusion et sait très bien que les Etats membres et la communauté internationale vont donner une grande importance à cette visite, dans le contexte actuel de vives tensions entre Téhéran et l'Occident, ajoute-t-il. Pour Mark Hibbs, analyste au Carnegie Endowment for International Peace à Londres, l'AIEA a besoin d'une percée majeure avec l'Iran afin d'empêcher une escalade du conflit au conseil des gouverneurs de mars. L'agence enquête depuis huit ans, sans être en mesure de déterminer avec certitude si le programme nucléaire iranien est de nature purement pacifique, comme l'affirme la République islamique, ou bien également militaire. Selon Marc Hibbs, elle aura besoin d'obtenir un engagement ferme de l'Iran a coopérer. (...) Un peut-être ne sera plus suffisant.