Les affections ostéo-articulaires occupent en Algérie la 2e place dans les maladies prévalentes non infectieuses après l'hypertension artérielle. Les rhumatismes touchent plus de 4 millions de personnes dont l'arthrose (2-3 millions de personnes), les rhumatismes inflammatoires de polyarthrite rhumatoïde (700 000 à 900 000) et la spondylarthrite ankylosante (200 à 400 000) qui touchent les sujets jeunes et moins jeunes, et même des enfants. Parmi les rhumatismes inflammatoires, les maladies systémiques ne sont pas très fréquentes en nombre mais très sévères, pouvant entraîner des atteintes viscérales graves justifiant des traitements très onéreux et pas toujours disponibles. Le mal de dos, qui concerne plus de 35% de personnes au moins une fois dans leur vie, les sciatiques, les tendinites et les cancers secondaires des os sont responsables de coût en soins et en absentéisme qui reviennent cher à la société. L'Algérie, à l'instar des autres pays, a connu une transition épidémiologique avec une augmentation de l'espérance de vie et doit donc faire face aux pathologies du sujet âgé, comme l'arthrose, l'ostéoporose, les maladies métaboliques qui posent d'énormes problèmes de santé publique. Ces personnes âgées sont souvent atteintes de gonarthrose responsable de handicap et d'alitement prolongé à l'origine de la dégradation de leur vie, de souffrance, de handicap par manque de prothèse et même de la qualité de vie de leurs parents qui assistent à leur déchéance sans aucune possibilité d'action. La décennie 2000-2010 ayant été destinée aux os et articulation par l'OMS pour ces raisons-là car les personnes âgées ont le droit d'être soignées, quel que soit leur âge. D'énormes progrès ont été réalisés dans le domaine scientifique en biologie et imagerie (TDM, IRM, PET Scanner) pour un diagnostic précoce d'affections réputées invalidantes ; ces examens sont malheureusement inaccessibles pour un grand nombre de patients dans les structures publiques, aboutissant à un défaut de prise en charge précoce adéquate. Les années 1990 ont vu l'avènement de molécules innovantes apportant une véritable révolution dans la prise en charge de la majorité des affections rhumatismales et de leurs graves complications en Europe et aux Nations unies. Actuellement, avec un recul de plus de 20 ans, nous pouvons les utiliser avec pondération dans notre pays afin d'éviter les effets secondaires graves comme la tuberculose, les infections opportunistes et l'installation de handicap irréversible chez nos jeunes patients. Ces molécules innovantes sont malheureusement onéreuses et, parfois, dangereuses, et le choix est souvent difficile car les budgets octroyés pour les médicaments dans les hôpitaux sont très insuffisants. Si les jeunes patients ne sont pas diagnostiqués et traités suffisamment tôt, les destructions des articulations étant irréversibles, la mise en place de prothèses de hanche et de genou est indispensables pour vaincre le handicap. Malheureusement, ces prothèses ne sont pas accessibles à tous les patients dans les structures publiques et sont trop chères dans le privé. La meilleure solution est que le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale s'intéresse à ces personnes dont le handicap est réversible afin qu'elles soient traitées (prothèses) dans des structures publiques ou privées, comme il l'a fait pour les cardiopathes, les dialysés, etc., afin d'éviter les complications du décubitus (escarres, ostéoporose, infections) qui engendrent à l'Etat des dépenses faramineuses et aux patients et à leurs parents des souffrances considérables. A. L. R.