Fort du succès de son parti, le FLN, aux législatives du 10 mai, avec 221 sièges sur les 463 mis en jeu, Abdelaziz Belkhadem plaide, insidieusement, il est vrai, pour la non-reconduction d'Ahmed Ouyahia à la tête de l'Exécutif. “Si les Algériens voulaient le programme d'Ahmed Ouyahia, il auraient donné leurs voix au RND”, a-t-il asséné dans un entretien accordé au journal El Khabar et publié hier. “Il faut déchiffrer les messages délivrés à travers les législatives”, insiste-il. En d'autres termes, maintenir Ahmed Ouyahia serait, aux yeux du secrétaire général du FLN, aller à l'encontre de la volonté populaire. Il y a quelques années, M. Belkhadem avait fait un grand forcing pour récupérer le Premier ministère avant d'abandonner, en apparence du moins, la partie. Mais au sortir des législatives du 10 mai, Abderrahmane Belayat a remis la question sur le tapis avant que Belkhadem ne lui emboite le pas. Il est vrai qu'il n'en a pas fait une revendication expresse. “Je ne dois pas être nécessairement Premier ministre”, soutient-il, même si son parti veut bien récupérer ce poste important. “La volonté des militants du FLN est de détenir les leviers de commandes, mais la Constitution est claire”, affirme-t-il. En effet, la Constitution n'oblige pas le président de la République à choisir le Premier ministre au sein de la majorité. Comme pour appuyer cette doléance, Abdelaziz Belkhadem a sorti un atout maître : son parti semble bien parti pour avoir la majorité absolue au sein du prochain Parlement. Il a révélé, en effet, dans cet entretien, que 13 députés élus sur des listes indépendantes ont d'ores et déjà exprimé le vœu de rejoindre les rangs du FLN, ce qui portera le nombre de ses sièges à 234 soit 50%+3. Autrement dit, son parti n'aurait pas besoin de l'apport du RND d'Ahmed Ouyahia pour faire passer ou bloquer des projets de loi au sein de l'Assemblée. Et comme pour porter l'estocade, il assure que si ça ne tenait qu'à lui, il contracterait une alliance avec le FFS d'Aït Ahmed car, explique-t-il, “l'Algérie a besoin d'un parti qui a prouvé son penchant nationaliste”. Selon lui, une disposition sera introduite dans la prochaine Constitution qui stipulera que le Premier ministère reviendra au parti ayant la majorité au Parlement. R. N.