L'effet “11 septembre” est loin de s'estomper et ce n'est pas la Grande-Bretagne, ancien sanctuaire des islamistes, mais désormais moins accueillante, qui va démentir ce constat. Aujourd'hui, la grande Albion se vante d'une spectaculaire réduction du nombre de demandeurs d'asile et met en place un projet de loi particulièrement dissuasif pour les candidats à l'immigration illégale. Quelque 1 500 clandestins sont expulsés chaque jour du royaume où le nombre de demandes d'asile a presque été réduit de moitié au troisième trimestre 2003 (11 955), par rapport à la même période de l'année précédente (22 030). Le ministre de l'Intérieur David Blunkett, qui a rendu publics ces chiffres tout récemment, s'est félicité du renforcement, ces dernières années, des mesures de contrôle des frontières du pays, grâce, en particulier, à la présence d'agents des services d'immigration britanniques à Calais (nord de la France) où se trouvait le fameux centre de Sangatte fermé en novembre 2002. “Tout le processus de demandes d'asile est désormais plus rapide et plus efficace, avec 80% de premières décisions prises dans les deux mois, tandis que l'accumulation de dossiers non examinés est à son plus bas niveau depuis dix ans”, a commenté M. Blunkett. Il a souligné que le rapatriemen des étrangers déboutés avait désormais atteint “une moyenne record de 1 500 par mois”. Londres n'entend pas en rester là. Un projet de loi entend punir les organisateurs de réseaux de trafic pour les clandestins (peines allant jusqu'à 14 ans de prison), ainsi que les demandeurs d'asile tentés de détruire leurs pièces d'identité avant d'entrer en Grande-Bretagne (jusqu'à 2 ans de prison s'ils ne peuvent fournir une bonne explication). Le texte prévoit aussi de limiter à un seul, les recours en justice actuellement disponibles pour les demandeurs d'asile et de couper leurs subsides s'ils refusent de quitter volontairement et gratuitement le territoire après avoir été déboutés. “Nous devons avoir un système de demandes d'asile juste et équilibré à la fois pour le postulant et le contribuable”, a plaidé le ministre des Affaires constitutionnelles, Lord Charles Falconer. Parmi les nouvelles mesures annoncées figure, également, la possibilité d'introduire des outils électroniques pour surveiller les déplacements de certains demandeurs d'asile, évitant ainsi de les placer en détention. Un système à base de technologie satellitaire pourrait être utilisé d'ici 12 à 18 mois, a précisé M. Blunkett. Le projet législatif a reculé sur une mesure qui avait été dévoilée, mais avait suscité un tollé général : le placement des enfants des demandeurs d'asile déboutés par la justice et qui refuseraient un rapatriement volontaire dans leur pays d'origine. Poussé à s'expliquer sur ce sujet, le ministre de l'Intérieur a finalement précisé que ces familles auraient le même traitement que celles qui “mettent leurs enfants en danger”. “Je n'ai nul désir de prendre des enfants à leurs parents pour les confier à l'assistance publique, à moins que ce ne soit absolument en dernier recours. Je ne suis pas entré en politique pour être le roi Hérode qui, selon l'Evangile fit massacrer 14 000 bébés juifs pour tuer l'enfant Jésus”. Le chef de l'opposition, le député conservateur Michael Howard, avait déclaré auparavant que le gouvernement du Premier Ministre Tony Blair devrait “avoir complètement honte” de cette mesure. “Tout ce que nous disons est que si des personnes déboutées continuent à refuser notre proposition de les ramener dans leur pays et les aider à se réinstaller, nous ne pouvons pas leur fournir indéfiniment des allocations sociales”, a plaidé le ministre de l'Intérieur. L'absence de référence directe aux enfants des immigrés illégaux devrait assurer un meilleur soutien du texte dans les rangs des députés travaillistes. N. B.