L'ambassade de Grande-Bretagne à Alger a mis en place une nouvelle structure chargée des affaires de l'émigration. Cette structure qui est unique en son genre, et dont le Royaume-Uni en compte 22 réparties sur 39 pays pourvoyeurs de migrants, se charge de protéger les frontières britanniques de l'immigration clandestine. Mme Sandy Belfitt a été désignée à la tête de cette structure à Alger depuis septembre dernier et compte coordonner avec les autorités algériennes dans le but de mettre fin à l'émigration illégale. « Une de mes missions consiste à coordonner avec le gouvernement algérien afin de mettre en œuvre l'accord signé entre les deux pays en 2006 sur le rapatriement des Algériens en situation irrégulière ou en fin de détention. Nous envisageons aussi de travailler de concert avec le gouvernement algérien sur la question du contrôle de l'immigration clandestine subsaharienne », souligne Mme Belfitt lors d'un point de presse tenu hier au siège de l'ambassade. La responsable britannique estime que la coordination des efforts permettra d'augmenter le nombre des rapatriés algériens. Depuis le début de l'année en cours, 11 509 demandes de visa ont été formulées par les Algériens auprès de l'ambassade de Grande-Bretagne dont 60% ont été acceptées contre 16 000 enregistrées l'année dernière et dont 80% ont été acceptées. Mais l'Algérie est aussi pourvoyeuse de migrants clandestins. « Le Royaume-Uni a refoulé un nombre record en 2008 de 5400 prisonniers étrangers qui ont terminé leur séjour de détention dont 156 Algériens détenus pour délits de droit commun. Nous avons aussi enregistré durant la même année 308 refoulements d'Algériens ayant séjourné irrégulièrement au Royaume-Uni et pour lesquels le droit d'asile a été refusé », indique Sandy Belfitt qui laisse entendre qu'il y a un durcissement dans les conditions d'octroi du droit d'asile. Alors que la Grande-Bretagne comptait parmi les pays les plus ouverts en matière d'asile politique, il semble aujourd'hui que ce pays a décidé d'être plus sélectif et exigeant. Sur 55 demandes d'asile formulées par des Algériens entre avril et juin 2009, aucune demande n'a été retenue. « 35 demandes ont été refusées par le Royaume-Uni dont 5 pour avoir été formulées à partir de pays tiers comme la France, et les 15 demandes restantes ont été retirées par les demandeurs eux-mêmes », précise la conférencière. Cette dernière indique qu'une aide du gouvernement britannique est assurée aux personnes rapatriées dans leur pays d'origine, à travers notamment l'octroi d'une somme d'argent pour subvenir à leurs besoins durant les trois premiers mois de leur retour. Formée pour le compte des autorités britanniques par l'agence britannique pour le contrôle des frontières (UKBA), Sandy Belfitt estime au nombre de 200 les Algériens détenus à l'heure actuelle dans les prisons du Royaume-Uni. « Ce sont des prisonniers de droit commun détenus pour différentes formes de violence comme le vol et les abus sexuels », indique-t-elle. La responsable britannique souligne en outre que la diaspora algérienne établie au Royaume-Uni est cycliquement associée aux mesures que le gouvernement met en œuvre pour permettre une meilleure intégration de la communauté algérienne. « Il existe 29 000 Algériens résidant de manière légale au Royaume-Uni. L'ambassadeur de Grande-Bretagne en Algérie a rencontré en mars dernier certains des leaders de cette communauté pour discuter des problèmes que rencontrent les immigrants algériens. » Interrogée sur le pourquoi de l'intérêt britannique pour l'immigration subsaharienne dont la question est prise en charge dans le cadre du mécanisme des 5+5, notre interlocutrice a souligné qu'il s'agit d'un problème autour duquel tous les efforts doivent être déployés. « J'ai rencontré des responsables du ministère des Affaires étrangères algériens et nous avons discuté de la difficulté de contrôler les frontières dans la région subsaharienne. Et nous avons convenu de continuer les concertations sur ce sujet », dit-elle. Et de noter que même si le Royaume-Uni n'est pas le premier point de chute de ces migrants comme c'est le cas de la France, l'Espagne et l'Italie, il se trouve que beaucoup de migrants passent par l'Europe du Sud pour atteindre la Grande-Bretagne.