Candidat malheureux aux législatives 2012 et désormais ex-président de l'USM Annaba, après sa démission de ce poste la semaine passée, Aïssa Menadi a fait irruption dans la vie du complexe sidérurgique d'El-Hadjar pour reprendre de manière singulière, force est de le constater, les rênes du syndicat d'entreprise d'ArcelorMittal. Une représentation qu'il n'a plus exercée depuis 5 années, c'est-à-dire depuis son élection à l'APN, faut-il le préciser, et à laquelle il ne peut prétendre de nouveau que par la voie des urnes. Se prévalant d'un appel des travailleurs, qui contesteraient selon lui l'équipe de syndicalistes en fonction actuellement, Menadi a réussi en compagnie d'un groupe de fidèles, dont des personnes étrangères à l'entreprise, à forcer, lundi matin, les grilles d'accès du complexe sidérurgique et à investir par effraction, toujours, le siège du syndicat. Ne s'arrêtant pas là, il a tenté, hier, de provoquer une assemblée générale des travailleurs et usant d'un mégaphone, il a promis de chasser des lieux les représentants du partenaire étranger ArcelorMittal et les syndicalistes en exercice, avec à leur tête Smaïn Kouadria, son rival déclaré. Réagissant à cette entreprise pour le moins insensée, car faisant fi des règlements en vigueur, la direction du complexe a déposé deux plaintes contre Aïssa Menadi, l'une au niveau de la gendarmerie nationale et l'autre en pénal auprès du parquet d'El-Hadjar, territorialement compétent, apprend-on de source autorisée. On signale, toutefois, que l'action menée par ce personnage, qui ne fait plus partie des effectifs du complexe, n'a à aucun moment perturbé le travail et que les unités du complexe continuent à produire normalement. Le syndicat d'entreprise a, pour sa part, choisi de privilégier la sagesse et la raison, en ne répondant pas à ce qu'il a qualifié de “provocation” et de “tentative de déstabilisation” de la part d'un “perturbateur qui a commis de graves dépassements, dans le seul but de se venger des travailleurs qui l'ont chassé de l'usine”. Ceci, en appelant également à la justice auprès de laquelle il demande réparation pour dégradation de bien, effraction et entrave à l'exercice syndical. Dans un communiqué adressé aux employés de toutes les unités du complexe sidérurgique, le secrétaire général du syndicat exhorte les travailleurs à la vigilance et leur demande de rester à leur poste, tout en faisant preuve de sang-froid à l'image de ceux qui les représentent, en attendant que les autorités tranchent dans cette situation. Joint par téléphone, Kouadria indique qu'il ne compte pas se départir de l'attitude responsable qu'il a adoptée jusqu'ici, depuis l'intrusion de son ancien compagnon sur le site. Il se dit serein et confiant en la justice, mais se désole quand même que de pareils événements se produisent à l'intérieur du complexe à un moment où les résultats enregistrés en termes de production sont des plus satisfaisants. Il rappellera les sacrifices consentis par les salariés et par leurs représentants pour arracher de haute lutte le plan d'investissement qui sera à même d'assurer la pérennité de leur outil de travail. “Il ne faut pas perdre de vue que rien n'est totalement acquis à ce propos, car les deux partenaires qui ont accepté de financer ce programme ambitieux, à savoir ArcelorMittal et Sider, pour la partie algérienne, ont signé une résolution exigeant la stabilité au sein des installations et une amélioration progressive de la production. Il nous faut par conséquent gérer avec calme et pondération cette manœuvre destructrice en bonne intelligence avec les pouvoirs publics. Il y va de l'avenir de milliers de familles, nous en sommes conscients”, conclut le secrétaire général du syndicat. A. A