“Le traitement des comportements nuisibles au parti durant ces élections sera le premier point débattu lors de la prochaine réunion du parti”, vient d'écrire Aït Ahmed aux instances “dirigeantes” du FFS. Ceux qui attendaient une réaction à l'entreprise de détournement des quelques voix qui se sont exprimées à l'occasion des législatives du 10 mai en auront pour leurs frais : non, le zaïm s'en est pris à ceux qui ont émis quelque objection à cet engagement dont un grand mystère entoure la finalité. Le FFS a obtenu 21 sièges, son quota habituel, dans une Assemblée qui a crû de 73 sièges. Et en l'absence de son concurrent régional. Sinon un commentaire distant et apolitique du responsable “local” évoquant “une spoliation” de voix ou de sièges. Puisqu'il faut faire boire à ses militants le calice jusqu'à la lie, Aït Ahmed proclame, en dépit du simple bon sens, qu'il les félicite “pour cette… victoire face à une adversité dont la puissance et la complexité donnent encore plus de mérite à ceux qui ont su lui résister”. Mieux, il ordonne que la prochaine réunion du parti prenne des “mesures exemplaires” à l'encontre de ceux qui ont fait preuve “de comportements indignes”, c'est-à-dire ceux qui ont osé passer de l'étonnement à l'interrogation sur les motifs de la participation à une mise en scène électorale programmée. Peut-être que le leader voit la victoire, non dans les résultats qui lui ont été attribués, mais dans le fait qu'il ait mis “du mouvement dans le statu quo”, comme il l'envisageait au moment de décider de sa participation. Mais comment s'est-il arrangé pour trouver, dans sa relative contribution à une si faible mobilisation électorale, matière à déduire que son “appel à la réhabilitation du politique et de l'éthique politique trouve un écho au sein de la société ?” Alors que le résultat “spectaculaire” des législatives a pétrifié les plus acquis à l'ordre ordonné, comme le RND, et, dans une certaine mesure, le MSP, ainsi que, dans une autre mesure, le PT, Aït Ahmed demande aux siens de donner l'exemple en matière de “réhabilitation de la politique et de l'éthique politique”, histoire de répondre par leur propre comportement “éthique et politique”… à l'éthique et à la politique réhabilitée donc par les élections du 10 mai dernier ! On ne saura peut-être jamais pourquoi Aït Ahmed est allé à ces élections, puisque ses propres militants seront sanctionnés pour avoir voulu le savoir. À moins que les évènements à venir n'apportent, à eux et à nous, la solution de cette énigme. Par cette entreprise punitive, Aït Ahmed apporte l'ultime preuve d'une constante : il y a une culture du mouvement fondamentalement anti-démocratique que le Congrès de la Soummam n'a pas réussi à corriger. Sinon dans un texte — la plateforme du même nom — qui a valu à ses inspirateurs leur élimination systématique et méthodique. La culture du Mouvement national impose que les chefs ne peuvent pas souffrir du débat. La contradiction, ils l'éliminent, soit en liquidant physiquement leurs contradicteurs, soit en les éliminant politiquement. Aït Ahmed est bien dans son rôle : il contribue au statu quo en y mettant sa part de mouvement. M. H. [email protected]