Rien ne va plus en Tunisie depuis la révolte populaire du 14 janvier 2011. La situation s'est considérablement détériorée et les évènements de ces dernières semaines risquent, à coup sûr, de porter un coup dur au secteur du tourisme. Une raison de plus de pousser les voyageurs algériens à bouder encore cette année la destination Tunisie. La Tunisie a complètement changé de visage et la situation est inquiétante. En Tunisie, des salafistes, musulmans extrémistes, veulent coûte que coûte imposer leur diktat par la force. Les incidents se multiplient. Ainsi, dans la matinée de samedi, des violences ont eu lieu à Jendouba. Des échauffourées ont éclaté dans cette petite ville. Elles ont opposé des salafistes aux forces de l'ordre. La sécurité aurait été renforcée dans cette ville du nord-ouest du pays proche de la frontière algérienne. Des centaines de salafistes s'en sont pris à un bâtiment de la sécurité nationale à Jendouba. Armés de cocktails Molotov, ils ont appelé haut et fort au jihad. Selon des témoins, ces pseudos salafistes étaient aussi munis de sabres et de matraques. Ils ont attaqué un commissariat avant de l'incendier. Les forces de l'ordre ont répliqué avec des gaz lacrymogènes, sans parvenir à les empêcher de saccager dans la foulée des commerces du centre-ville, hôtels et débits de boissons. Devant une population terrorisée, ils ont scandé des slogans appelant au jihad, avant de se réfugier dans une mosquée. Plusieurs unités des forces de l'ordre se sont déployées pour empêcher ces groupes de s'attaquer à d'autres magasins et à un hôtel, alors que l'armée a renforcé sa présence autour des bâtiments publics. Parallèlement, la ville de Sidi Bouzid était également, samedi, le théâtre d'affrontements entre jeunes salafistes et des vendeurs de boissons alcoolisées qui ont dégénéré en violences et actes de destruction. Ces extrémistes, qui se réclament salafistes, veulent appliquer les préceptes de la charia. D'autre part, des milliers de salafistes venus de différentes régions se sont rassemblés dimanche matin à Kairouan pour exprimer leur soutien à la charia. De son côté, le ministre de la Justice tunisien, Noureddine Bhiri, a monté le ton contre les mouvements salafistes qui ont, a-t-il dit, “dépassé les lignes rouges et seront punis”. Le gouvernement tunisien avait affirmé que son dispositif de sécurité “fera face” à tous ceux qui menacent la sécurité du pays et qu'il “appliquera la loi” contre tous ceux qui portent atteinte à l'unité du pays. Le ministre tunisien de l'Intérieur a qualifié les menaces contre certains citoyens et personnalités politiques “de graves” et “ne servent ni les intérêts de l'économie et du tourisme ni les investissements étrangers”. C'est la seconde fois en l'espace d'une semaine que des groupes de salafistes s'en prennent aux espaces de vente et de consommation de boissons alcoolisées. Le 19 mai dernier, faut-il le rappeler, des bars de Sidi Bouzid (Centre-Ouest) avaient été vandalisés et un dépôt d'alcool incendié. Les commerçants avaient répliqué en mettant le feu à des pneus et en tirant des coups de feu à l'aide de fusils de chasse devant une mosquée. Le lendemain, des salafistes avaient mené une démonstration de force à Kairouan, une ville sainte du centre du pays, lors d'un rassemblement de leurs partisans venus de diverses régions. Habillés à l'afghane, sabre au poing, les uns effectuaient des chevauchées à cheval, d'autres s'adonnant à des exercices d'arts martiaux, sous l'œil de leur chef, Abou Yadh (de son vrai nom Seïfallah ben Hassine), un ancien “Afghan” condamné à 42 ans de prison avant d'être amnistié après la chute du régime de l'ancien président Ben Ali. Imad o.