Des troubles sociaux ont éclaté dans différentes régions de la Tunisie où des attaques ont été enregistrées contre des établissements publics notamment par les salafistes en dépit de l'état d'urgence en vigueur dans le pays. Selon des sources sécuritaires, des groupes de salafistes ont attaqué, samedi matin, le siège du district de la sécurité nationale de Jendouba avec des pierres et des cocktails molotov. Les forces de l'ordre ont du faire usage de gaz lacrymogènes pour protéger le bâtiment et disperser ces groupes qui ont mis le feu au bureau de la police judiciaire. Armés de matraques et de sabres, ces groupes qui scandaient des slogans appelant au Djihad, se sont dirigés ensuite au centre-ville, mettant le feu et pillant des bars et des points de vente de boissons alcoolisées, a ajouté la même source. Suite à ces incidents, plusieurs unités des forces de l'ordre se sont déployées à Jendouba pour empêcher ces groupes de s'attaquer aux magasins et hôtels de la ville, alors que l'armée nationale a renforcé sa présence autour des bâtiments publics. Le président tunisien Moncef Marzouki avait condamné auparavant "les groupes qui se sont autoproclamés porte-parole de la religion et de la nation" tout en exprimant son rejet du recours à la violence pour imposer des choix idéologiques. Cette recrudescence de violence a été par ailleurs soulevée à l'Assemblée constituante par les groupes parlementaires qui ont mis en garde contre les retombées de cette dégradation sécuritaire sur la stabilité du pays appelant le gouvernement à enquêter sur "les financements internes et externes" des mouvements salafistes et extrémistes en Tunisie. Par ailleurs, la ville de Sidi Bouzid était samedi le théâtre d'échauffourées entre jeunes salafistes et des vendeurs de boissons alcoolisées qui ont dégénéré en violences et actes de destruction. Des voix des salafistes se sont élevées ces derniers temps en Tunisie pour "l'application de la loi islamique". Des milliers de salafistes venus de différentes régions se sont rassemblés dimanche matin à Kairouan pour exprimer leur soutien à la Charia. Le ministre de la justice tunisien M. Noureddine Bhiri avait monté le ton contre les mouvements salafistes qui ont, a-t-il dit "dépassé les lignes rouges et seront punis". Le gouvernement tunisien avait affirmé que son dispositif de sécurité "fera face" à tous ceux qui menacent la sécurité du pays et qu'il "appliquera la loi" contre tous ceux qui portent atteinte à l'unité du pays. Le ministre tunisien de l'intérieur a qualifié les menaces contre certains citoyens et personnalités politiques "de graves" et qui "ne servent ni les intérêts de l'économie et du tourisme ni les investissements étrangers". Les observateurs ont, par ailleurs, "exprimé leur crainte de voir ces agissements se reproduire" dans les autres villes touristiques à l'instar de Sousse, Hammamet, Djerba, Monastir, Nabeul et Taberka au moment où le gouvernement tunisien provisoire s'atèle à mettre en place les plans visant à sauver la prochaine saison touristique. Les agressions des groupes salafistes en Tunisie ont suscité l'indignation des formations politiques qui ont appelé à "faire face" aux agissements des extrémistes qui "portent atteinte" aux libertés fondamentales individuelles et collectives. Les partis politiques tunisiens ont en outre dénoncé "l'ingérence" de certains extrémistes dans la vie des citoyens et appelé la société civile et les parties concernées à "faire preuve de vigilance" pour faire face aux violations des libertés qui "menacent" l'équilibre de la société et la stabilité du pays. Les autorités locales et les pouvoirs publics ont appelé à "faire face" aux auteurs de ces agissements qui "piétinent sans arrêt les fondements de la coexistence civique".