La pauvreté ne peut être atténuée que si le plan de relance promis depuis déjà trois ans se met en place et que les entraves bureaucratiques sont définitivement levées pour laisser les entrepreneurs privés, créateurs d'emplois, travailler et contribuer de façon effective au redémarrage d'une économie nationale toujours subordonnée à la rente pétrolière. Le malheur qui a frappé Bab El-Oued, voici tout juste une année, aura permis de mettre au jour, et donc de le combattre, un des phénomènes les plus préjudiciables à l'exercice effectif de la solidarité au sein de la société. En effet, le détournement de l'aide alimentaire éventé par les services de police à l'époque a permis d'apporter les rectificatifs nécessaires à l'organisation de l'aide aux populations. Il a permis d'orienter désormais les actions de solidarité vers les personnes les plus nécessiteuses, et donc les couches les plus pauvres qui ne peuvent subvenir aux besoins élémentaires de la vie. C'est ainsi qu'un recensement a été effectué cette année de manière rigoureuse, permettant de connaître avec exactitude le nombre d'algériens vivant dans la précarité la plus totale. Ils sont malheureusement nombreux. Quand on sait que le tiers de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, la situation est non seulement grave mais, aussi et surtout, scandaleuse. Il est vrai que les pouvoirs publics viennent de prendre leurs responsabilités en engageant des actions de solidarité. Mais si la démarche est incontestablement louable, elle ne doit pas se limiter au seul mois de ramadhan. Elle est appelée à se prolonger dans le temps, mais avec des mesures à même de rendre espoir à cette catégorie d'Algériens sacrifiée sur l'autel de réformes mal conduites. La pauvreté ne peut être atténuée que si le plan de relance promis depuis déjà trois ans se met en place et que les entraves bureaucratiques sont définitivement levées pour laisser les entrepreneurs privés, créateurs d'emplois, travailler et contribuer de façon effective au redémarrage d'une économie nationale toujours subordonnée à la rente pétrolière. En fait, seule une politique offensive visant des objectifs bien précis et débarrassée de la logique de la lutte des clans et de la corruption pourra donner un coup de fouet à l'économie, et permettre, par voie de conséquence, à la société de retrouver ses repères. La disparition de la classe moyenne en Algérie est une tragédie. La Centrale syndicale ainsi que le Conseil national économique et social, chargés tous deux de prendre le pouls de la société, ont alerté à plusieurs reprises sur le danger que fait peser sur le pays l'avancée inexorable de la paupérisation. Les émeutes signalées tout au long de cette année à travers quelque quarante villes sont un signe que le pays stagne. Dangereusement. L'Etat doit réagir avant que l'irréparable ne se produise. S. T.