Pour expliquer cette situation, le wali de Tizi Ouzou, Abdelkader Bouazghi, a mis l'accent notamment sur les difficultés rencontrées dans le lancement de l'important programme dont a bénéficié la wilaya et que c'est pour cela que l'année 2011 a été consacrée à placer les projets inscrits à l'intitulé de la wilaya. Il dira que “malgré une mobilisation intense des énergies pour relever le niveau de développement dans la wilaya de Tizi Ouzou, l'objectif escompté n'était que partiellement atteint”. C'est cette fois, et une fois n'est pas coutume, l'exécutif de wilaya lui-même qui reconnaît son propre échec, un échec que population et élus ne cessent depuis des années de le crier haut et fort à chaque fois que l'occasion le permet. L'argumentaire développé par l'exécutif de wilaya pour tenter de justifier cet échec n'a visiblement pas suffi pour s'épargner les critiques les plus virulentes formulées par les élus présents à la session APW de dimanche. Si, comme à son habitude, l'exécutif de wilaya a tenté de mettre en avant les mêmes contraintes relevant du “déjà entendu”, telles que la topographie accidentée de la région, la rareté du foncier et les oppositions de citoyens, les élus, eux, s'interrogeaient plutôt “si cette situation est générée par un manque de compétences ou simplement par une absence de volonté”. Lors de son intervention pour défendre le bilan et expliquer les raisons de la faiblesse dans la concrétisation du programme de développement, M. Bouazghi a mis l'accent notamment sur les difficultés rencontrées dans le lancement de l'important programme dont a bénéficié la wilaya et que c'est pour cela que l'année 2011 a été consacrée à placer les projets inscrits à l'intitulé de la wilaya. Avant lui, de nombreux élus se sont succédé pour dénoncer “l'inertie” qui continue de caractériser l'action de développement dans la wilaya. Ainsi, lors de son intervention, le président de l'APW, Mahfoud Bellabas, a souligné d'emblée que “les commis de l'état n'ont pas rempli leur mission” avant de s'interroger s'il y a des justifications à cela ! “En tout état de cause, l'analyse des indicateurs financiers et l'insignifiance de la consommation des budgets fait ressortir une situation qui inquiète et qui influe négativement sur la concrétisation des ambitions et objectifs escomptés, et paralyse davantage la réalisation des projets engagés”, a-t-il ajouté, non sans noter que le même argumentaire est avancé pour justifier l'échec de l'action de l'administration. “étude en cours, projet en cours de lancement, concours à mettre place, processus de choix de terrain, expropriation complexe, contraintes juridiques, appels d'offres infructueux, études à refaire, opposition des citoyens, dossier à la commission nationale des marchés, levée des réserves, attente du visa du CF, etc.”, a-t-il énuméré. Lors de son intervention, le président d'APW n'a pas manqué également de relever que les besoins de la population sont immenses mais que les projets de développement se conjuguent toujours au futur et même au conditionnel. “Les principaux projets inscrits depuis des années sont toujours au même point, qu'il s'agisse de l'amélioration du cadre de vie, des infrastructures de base relevant de l'éducation, l'enseignement supérieur, du logement, du transport, de la formation professionnelle, de la santé, de la culture, de la jeunesse et des sports ou de l'hydraulique. Tous les signaux sont au rouge”, a-t-il conclu. Ce constat a été, faut-il le souligner, largement confirmé par les chiffres révélés par les élus et par les membres de l'exécutif dans leur rapport. Lors de la présentation de son bilan de l'année 2011, l'exécutif de wilaya a révélé que l'autorisation de programme de 189 millions de DA couvrant 1 853 opérations en 2011 dans la wilaya n'a été consommée qu'à hauteur de 42,6%. En matière de crédits de paiement, ce sont les plans sectoriels de développement (PSD) qui ont accusé le plus gros retard avec seulement 18,28% de consommation contre 64,04% pour les plans communaux de développement (PCD). De leur côté, les élus, à leur tête le P/APW, ont révélé des chiffres très inquiétants en matière de besoins de la population. Parmi ces chiffres, figurent ceux de l'emploi. La wilaya compte 10 000 demandeurs d'emploi chaque année. à titre d'exemple, pour 2010-2011, “seuls 500 emplois ont été offerts à la jeunesse de notre région qui représente 75% de la population”, est-il révélé. En matière de santé, 3 000 citoyens attendent d'être opérés dans l'actuel CHU alors qu'en matière de logement, 13 000 demandes dans la seule ville de Tizi Ouzou attendent d'être satisfaites, ont révélé encore les élus qui estiment que désormais c'est la survie économique de la région qui est en jeu. S L