Le journaliste français, spécialisé dans les questions sécuritaires, auteur de plusieurs livres sur les liens du terrorisme islamiste avec l'Arabie Saoudite, Richard Labévière, a tiré la sonnette d'alarme, hier à Alger, sur “le danger du wahhabisme” dans la région du Sahel. Pour M. Labévière, qui a animé une conférence-débat, organisée par le Centre national des études stratégiques (Inesg), le wahhabisme, mouvement islamique fondamentaliste de l'Arabie Saoudite, qui alimente le terrorisme islamiste, constitue “un danger” contre tous les Etats nations de la région. Dans son analyse, le journaliste français estime que “le wahhabisme et les alaouites entrent dans le plan américano-israélien appliqué au Moyen-Prient, et dont la velléité est de fragmenter les Etats arabes et mettre en confrontation les sunnites et les chiites”. “Ils veulent des Etats confettis” pour concrétiser leur politique du “chaos constructif !” a-t-il dit, allusion, entre autres, à l'intention de fragmenter le Mali voisin où la menace terroriste se fait de plus en plus sentir. Ce salafisme armé que M. Labévière désigne de “géopolitique morbide”. Pour le spécialiste du sécuritaire, la situation qui prévaut aujourd'hui au Mali, avec son lot de nouvelles fragmentations, notamment la faction islamiste d'Ançar Eddine, nées au lendemain du putsch du 22 mars, est aussi “un produit dérivé du Printemps arabe”. L'analyste français précise à ce titre que la crise au Mali est la conséquence directe de la cassure, précipitée par la France et l'Angleterre, de la Libye. Quant à la fondation d'Ançar Eddine par Ayad Ag-Ghaly, M. Labévière rappelle que ce nouveau chef “salafiste” est aussi un produit du wahhabisme. Ce dernier, enchaîne-t-il, a été diplomate en Arabie Saoudite et “formé dans une école salafiste à Djeddah”. M. Labévière n'hésite pas à lui coller “les exactions commises à Aguelhok, au nord du Mali, avec l'aide d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi)”. Que faire pour anéantir le terrorisme islamiste au Mali ? M. Labévière juge que le terrorisme “se combat”. À commencer, dit-il, par une bonne communication sur ce fléau qu'il faut dédramatiser. “Il faut casser cette ‘rambotisation' du terrorisme”, a-t-il préconisé, manière d'expliquer que les hordes terroristes ne sont pas aussi puissantes qu'elles peuvent être présentées. À ce titre, M. Labévière mettra en avant l'expérience de l'Algérie dans la lutte antiterrorisme, en rappelant les revers subis par le GIA, le MIA ou autres GSPC. S'il conseille d'éviter tout de même les opérations militaires verticales, M. Labévière ne manque pas d'alerter contre le risque de voir les islamistes armés occuper davantage des espaces au Mali. Autre solution pour résoudre la crise au Mali, l'expert recommande, par ailleurs, de remettre en œuvre les accords d'Alger, signés en 2006, mais qui n'ont pas été appliqués par le régime ATT. M. Labévière ne manque pas d'alerter, par ailleurs, sur le narcotrafic qui lamine de plus en plus la région du Sahel à telle enseigne qu'il désigne d'ores et déjà la région du nord du Mali comme étant “les échangeurs du narcotrafic” ou encore “les nouvelles routes de la drogue”, tout en désignant le Maroc comme “principal exportateur du cannabis”. F A