Le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) continue sa percée en prenant les villes situées sur l'axe Kidal-Gao, après le contrôle de Annefis. Mahamed Ag Najjim, chef d'état-major militaire de l'organisation, dément, dans cet entretien qu'il nous a accordé, la prise de Kidal par Ançar Eddine, en affirmant qu'elle est «sous son emprise». - Des informations contradictoires circulent sur le sort de la ville de Kidal tantôt prise par le groupe islamiste Ançar Eddine dirigé par Aya Ag Ghaly, tantôt tombée entre les mains des combattants du MNLA puis récupérée par les militaires aidés par des milices. Qu'en est-il au juste ? A l'heure où je vous parle, nos combattants sont déjà à Kidal où il n'y a ni les militants d'Ançar Eddine ni les militaires. Toutes ces informations sont la pure invention de Bamako dans le seul but de cacher son échec sur le terrain. Les militaires sont en train d'abandonner leurs positions, évitant ainsi le face-à-face avec les combattants du Mouvement. Nous en avons capturés plusieurs dizaines, alors que beaucoup d'autres ont préféré rejoindre les rangs de notre mouvement. - Pourtant Aya Ag Ghaly avait annoncé, il y a deux jours, la prise de Kidal par son organisation, en promettant d'y instaurer la charia… La presse diffuse des informations que nous ne possédons pas sur le terrain. Nous sommes à Kidal et nous n'avons rien vu de cela. Toutes les villes libérées telles que Aguelhok, Tessalit, Annefis et Tinzaouatine sont contrôlées par le MNLA. - Comment expliquer que le MNLA, dont les revendications sont liées essentiellement à l'indépendance d'un territoire, se retrouve sur le même terrain avec une organisation qui lutte pour instaurer la charia ? Il y a une importante précision à apporter. Tout le monde sait que notre région ne connaît pas de problème religieux. L'islam est dans nos racines, personne ne peut dire le contraire. Notre combat est mené pour libérer la terre et non pas pour l'islamiser. La question relative aux intentions d'Ançar Eddine est à poser à Ayad Ag Ghaly, son dirigeant. Pour l'instant, notre unique souci est la libération rapide de notre territoire de ses occupants, qu'ils soient de l'armée malienne ou des phalanges d'Al Qaîda. Je répète que notre principale préoccupation est de libérer notre territoire et non pas l'islamiser… - Quelle réponse donneriez-vous au nouveau maître de Bamako, le capitaine Sanogo, président du Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l'Etat (CNRDRE) après qu'il se soit déclaré prêt à négocier la question du Nord-Mali ? Pour nous, le coup d'Etat n'est pas encore terminé. La situation reste très confuse. La junte ne contrôle rien sur le terrain. Bamako est livrée aux pillages et vols à main armée, aux règlements de comptes, aux affrontements armés entre loyalistes au président déchu et putschistes, aux perquisitions, arrestations, exactions et même exécutions. Le Comité ne maîtrise pas le terrain et rien n'indique que ces événements ne risquent pas de dégénérer. Les nouveaux maîtres de Bamako ne sont ni représentatifs ni légitimes pour pouvoir négocier une crise aussi importante que celle du Nord. Pour cela, nous ne pouvons donner aucune réponse. Pour nous, la situation n'a pas changé. Notre combat continue pour récupérer notre territoire.