La conférence académique programmée dans l'après midi d'hier par l'Inesg (Institut national des études de stratégie globale), sous le thème «la nouvelle donne au Sahel : situation et perspectives», a abordé plus le printemps arabes que la question inscrite à l'ordre du jour. Richard Labévière, journaliste médiatiquement présenté comme spécialiste de la question du Sahel et consultant international, n'est pas allé au-delà des constats notoirement établis. Il a été ainsi question, dans son exposé, de trafiquants de drogue et de salafistes qui menacent la stabilité des pays de la région. Relevant «un risque que l'espace social dans ces contrées soit occupé par les islamistes», le conférencier évoque «un plan visant l'affaiblissement des Etats-nations». Pour le conférencier, «l'enjeu pour le Niger, le Mali et la Mauritanie est de voir les autorités assurer la présence de l'Etat». Les turbulences s'expriment, expliquera t-il, «à cause du faible investissement des autorités dans la prise en charge de la périphérie». Ce qu'il conceptualise en parlant des «Etats faillis». Concernant la lutte menée pour la sécurisation de la région du Sahel, Labévière regrette «la non-application de l'accord d'Alger signé en 2006». Dans le contexte actuel, l'invité de l'Inesg estime que «la condensation des conflits dans la région trouve son origine dans la coupure libyenne». Par «coupure libyenne», l'orateur cite plus d'un grief retenu contre ceux qui ont orchestré la guerre contre le régime de Kadhafi. Le conférencier nomme l'ancien président français, Nicolas Sarkozy, son «philosophe», Bernard Henry Lévy, l'Otan, et l'ONU avec sa résolution 1973. Et c'est peut-être sur la base de cette «coupure libyenne» que Labévière ne croit pas au printemps arabe. Il le qualifie d'ailleurs du «mal nommé printemps arabe». Dans une autre formule, le conférencier suggère la prudence «dans l'appréciation de ces mouvements hâtivement appelés le printemps arabe». Sa lecture des événements, il l'appuie en soutenant que «cela est inscrit dans un agenda géostratégique élaboré par les Américains et les Israéliens, financé par les monarchies du Qatar et de l'Arabie saoudite». Dans un autre exercice, le conférencier a proposé de suivre la chronologie des événements pour en comprendre les tenants et la finalité. Il évoque, à cet effet, «les réseaux sociaux, les revendications démocratiques et les droits de l'Homme, l'islamisme, le salafisme et la guerre civile comme étape finale». Tout cela se fait, certifie le consultant, «sous la direction de l'administration Obama». La rencontre a été marquée par la présence de Saïda Benhabylès et du conseiller à la présidence de la République, Rezak-Barra. A. Y.