Résumé : Malek démissionne de son travail et est tout de suite après embauché dans une entreprise de chaussures. Il rendit hommage à sa belle-sœur lorsqu'il apprendra que le Monoprix avait été ravagé par le feu. Un jour, il lui avouera son intention d'épouser une Française. Louisa est chargée de préparer le Dragon (Na Daouia) C'était vrai. Mais que pouvait-on faire ? Malek était né et avait toujours vécu en France. Il ne pourra jamais comprendre les ambitions et les projets de sa mère. Pour lui, cette femme ou une autre, elles se valent toutes… Mais autant prendre celle qu'il connaissait le mieux ! Pour ne pas trop tourner en rond je lance : - Belle-maman, Malek épousera cette femme… C'est écrit dans son ciel. J'ai lu son avenir… Ne tentes pas donc d'envenimer les choses davantage. Malek n'est pas comme Kamel, un refus de ta part renforcera sa décision de tirer définitivement un trait sur la famille. Pour la première fois de ma vie, je regarde ma belle-mère avec peine. Na Daouia pleura ce jour-là, comme elle ne l'avait jamais fait de sa vie. Malek se maria un mois plus tard avec Sophie, et alla tout bonnement s'installer dans un deux pièces, non loin de son lieu de travail. Dans les jours qui suivent, Kamel déniche un appartement au centre de Paris. Je saute de joie lorsqu'il me l'annonce : - Enfin, j'aurais un chez-moi… Un vrai chez-moi dans le vrai Paris ! Il m'annonce que le loyer était de 50 francs par mois et que la propriétaire demande une avance sur six mois. Encore une fois, ma voyance me vint en aide. J'avais cumulé des économies. Je pouvais payer les six mois de loyer sans trop de peine. Soulevant le couvercle de ma valise en carton, je pris mon porte-monnaie et en ressorti trois billets de cent francs : - Tiens… va payer le loyer, Kamel. Dès demain. Ne tarde pas trop… je ne supporte plus de vivre ici. - L'actuel locataire ne quittera les lieux que dans un mois…. - Ce n'est pas grave… mais nous aurons la garantie d'avoir cet appartement lorsque tu auras versé cet argent. - Oh Louisa… qu'aurais-je pu faire sans toi… ? Je n'ai même pas la moitié de ce que tu viens de me remettre. - Chut pas un mot de plus… C'est moi qui avais pris l'opportunité de prendre notre avenir en main… Heu… peux-tu m'emmener visiter notre maison ? - Bien sûr… Le week-end prochain si tu veux, nous irons y faire un tour. Tu en profiteras pour inspecter les lieux et préparer notre emménagement. L'immeuble était bien situé et surtout bien entretenu. Il date du début du siècle et était construit tout en briques avec de grandes fenêtres qui donnent sur d'immenses balcons. La propriétaire, qui avait déjà encaissé l'argent de la location pour le premier semestre, s'empresse de nous faire monter au deuxième étage. Elle ouvrit la porte de l'appartement où résidait un Italien, qui était absent pour le week-end, et nous précéda à l'intérieur. Je demeure muette de surprise un moment, n'en croyant pas mes yeux. Kamel, qui me tenait par le bras, me chuchote : - L'appartement est très beau. Tu ne trouves pas… ? - Tu veux rire… Ce petit paradis dépasse toutes mes espérances. La vieille femme nous introduit dans les chambres, la cuisine, la salle de bain, et ouvrit les fenêtres toutes grandes pour nous montrer les paysages qu'on pouvait admirer du haut des balcons. Deux grandes cheminées, une au salon, et l'autre dans la chambre à coucher, servaient en hiver à réchauffer tout l'appartement. Je repense au minuscule poêle de Na Daouia qui ne servait pas à grand-chose… D'ailleurs on était tellement chiche dans son approvisionnement en charbon, qu'il fallait parfois rajouter de vieux journaux pour raviver les flammes. - Alors cela vous plait-il ? Kamel se retourne vers la propriétaire : - Oui ! beaucoup… Ma femme sera heureuse d'habiter ici. La dame me sourit avec bienveillance. Elle avait un regard doux qui me plu tout de suite. - On voit que vous êtes un couple nouvellement marié… Vous n'avez donc pas d'enfants… ? - Non, pas encore… - Cela viendra… cela viendra… Elle m'entoure les épaules de ses bras : - Tu es très belle toi. Tu parles le français... Je hoche la tête : - Juste assez pour comprendre et tenir une petite discussion. - Très bien… Nous aurions donc l'occasion de discuter ensemble autour d'une tasse de thé dès que vous aurez emménagé chez-moi. Notre visite terminée, nous quittons les lieux. Je prends le bras de mon mari, et nous nous mettons à marcher en silence. Pour la première fois, Kamel m'emmène déjeuner dans un restaurant. Il venait d'encaisser ses mensualités, et voulait me gâter à sa manière. (À suivre) Y. H.