Résumé : Malek, le beau-frère de Louisa, revient à la maison… Louisa l'aime bien et s'occupe de lui comme de son propre frère. Une complicité s'installe entre eux… Un jour, il lui demande de lui prédire l'avenir… Louisa est terrorisée… Un incendie menace le monoprix où il travaille. Elle lui demande de démissionner dans l'immédiat. Malek se lève. Pour la première fois depuis son retour à la maison, je le voyais contrarié. J'étais peinée pour lui. Mais je préfère une peine passagère, qu'une peine plus lourde. Je sentais que s'il arrivait quelque chose à mon jeune beau-frère, je ne pourrais me le pardonner. Le soir même, j'en touchais un mot à Kamel. Mon mari tente de me raisonner en me taxant de superstitieuse. Mais j'étais plus cartésienne que lui. Et cela, il le savait. Sans rien dire à ses parents, Malek se décide à démissionner de son poste de chef de rayon et se met à la recherche d'un autre boulot. Pour compenser un tant soit peu ses dépenses, je glissais de temps à autre un billet ou deux dans la poche de son veston. Il me fut reconnaissant. Au bout d'un laps de temps, il tombe sur une annonce dans le journal du matin. Une usine de chaussures embauchait des comptables, des aides-comptables et des agents de bureau. Un test était exigé. Malek, qui avait obtenu un diplôme en comptabilité avant son départ au service national, n'eut aucun mal à faire valoir ses compétences. Comme il était né sur le sol français, il fut admis facilement au test. En somme, en quittant son premier job, il était tombé sur un meilleur boulot, et sa rémunération mensuelle avait triplée.Deux jours après son embauche, on annonçait qu'un incendie avait ravagé le monoprix qu'il venait de quitter, et que le sous-sol, le rez-de-chaussé et une partie du premier étage avaient totalement brûlé. Les morts et les blessés se comptaient par dizaines parmi le personnel et la clientèle. Malek se jette dans mes bras les larmes aux yeux : - Grâce à toi je suis vivant et j'ai un meilleur boulot. Je lui tapote l'épaule : - Tu devrais en remercier Dieu le Tout-Puissant… Moi je n'ai fait que t'orienter. Je ne suis qu'un instrument entre les mains de la Providence. -Oui… Je comprends mieux maintenant. Ton don de voyance ne t'a pas été attribué par hasard. Il me tendit la main : - Je ne vais pas t'importuner, mais j'aimerais connaître ce que me réservent les prochains jours. Je… J'ai rencontré une femme… Une belle blonde… Elle est fantastique… Nous nous aimons… Je veux l'épouser. Je souris : - Ah, c'est donc ça le secret de ta bonne humeur ces derniers temps ? Il rit : - On ne peut rien te cacher… Que dis-je ? Tu es la mieux placée d'entre nous pour connaître tous nos secrets. Je prends sa main. Un sentiment de sérénité m'envahit aussitôt… Je vis la femme blonde, et je vis Malek… Ils vont se marier à n'en pas douter… Mais un nuage planait sur eux… Ma belle-mère va s'opposer à coup sûr… Mais Malek triomphera… Il tiendra tête à sa mère. Je relève la tête et le regarde dans les yeux : - Comment s'appelle-t-elle ? - Sophie… Elle a tout juste 22 ans et travaille comme secrétaire. - Je vois… Grâce à ta démission du monoprix, tu as non seulement trouvé un meilleur poste, mais tu rencontres aussi l'élue de ton cœur… Il me serre la main : - Je compte encore sur ton aide ma sœur pour préparer le dragon… - Le dragon… ? - Oui… Daouia, ma mère… Je sais qu'elle va s'opposer à ce mariage… Elle a toujours espéré me marier au bled tout comme Kamel. Il se penche vers moi et me chuchote : - Il a eu une sacrée veine mon frère d'être tombé sur une femme comme toi… Comment cela s'est-il donc passé pour lui ? Je hausse les épaules : - C'est le destin qui a arrangé notre rencontre. Il rit : - Eh bien, faisons en sorte qu'il arrange mon mariage aussi. Je promets à Malek de baliser le terrain. J'en parle en premier lieu à Kamel bien sûr, puis je m'enhardis à en discuter avec ma belle-mère. Sans trop m'étaler, je lui annonce que Malek voulait se marier. Elle en fut fâchée… Malek aurait dû lui en parler en premier, mais je la console en lui disant que Malek n'était pas encore prêt… Que le projet lui trottait dans la tête, et qu'il lui faudrait encore du temps pour le concrétiser. Loin d'être dupe, Nna Daouia comprit tout de suite qu'il s'agissait d'une Française. Elle lève les bras au ciel : - Ah ces jeunes de la nouvelle génération ! Ils pensent tout connaître, tout comprendre… J'avais fondé tellement d'espoirs sur mon benjamin ! Je voulais le marier au bled tout comme son frère… - Eh bien… Il a déjà pris les devants… Son destin est tout tracé… Pourquoi compliquer les choses ? Elle brandit son index : - La Française va lui faire oublier les siens… Il ne reconnaîtra même plus ses parents… Je les connais ces blondes. Dès qu'elles ont quelqu'un dans leur collimateur, elles lui mettent le grappin dessus. (À suivre) Y. H.