Résumé : Après mille et un risques, Louisa réussira à atterrir au rez-de-chaussée de l'immeuble pour vider la poubelle. Elle remonte tant bien que mal dans le noir et le froid glacial de la nuit. Sa belle-mère l'attendait au seuil de la porte. Elle voulait lui proposer de travailler : pratiquer la voyance ! Faisant fi de ma réflexion, ma belle-mère poursuit : - Je ne vais pas m'étaler sur ces considérations… Ce que je voulais te proposer, c'est d'aider ton mari, il trime sans répit le pauvre… - Et comment va-t-elle m'aider s'il te plaît mère ? s'écrie Kamel, hors de lui. Elle lève encore une main avant de répondre : - Elle pourra facilement arrondir tes fins de mois si elle le voulait… Pourquoi donc ne pratiquerait-elle pas la voyance ici ? Je restais interdite un moment. Kamel demeure muet de stupeur et mon beau-père se met à tousser, signe chez lui de contrariété. - Allons Louisa, qu'ai-je donc dit de mal ? Je veux juste qu'on vive un peu mieux… Si tu consens à pratiquer la voyance, tu gagneras facilement beaucoup d'argent. Ici les gens sont loin de chez eux. Ils sont superstitieux pour la plupart et n'hésiteront pas à dépenser des fortunes pour connaître leur avenir, ou mettre fin à une malédiction qui leur colle à la peau… Allons Louisa… Tu as le moyen de gagner quotidiennement ta pitance. Kamel s'écrie encore : - Je suis là pour gagner sa pitance… Je ne veux pas que ma femme soit exposée à tous les regards alors que je suis absent. Sa mère se met à glousser d'un air machiavélique : - Qui te dis qu'elle sera seule et exposée aux regards malveillants ? Elle toussote : - Et moi donc, que fais-je ici ? Je me mets à réfléchir rapidement. La proposition de ma belle-mère n'était pas pour me déplaire. Mais tout compte fait, Nna Daouia avait aussi à gagner dans cette affaire. Je ferme les yeux un moment, recherchant un semblant de réconfort dans les tréfonds de mon âme. Je sentais une vie naître dans mes entrailles. Un sentiment. Un instinct. Je crois que je suis enceinte. Je n'étais pas encore sûre… Mais… La sensation se précisait. Il faut donc prendre les devants pour assurer à mon enfant plus de confort. J'ouvris les paupières : - Je suis d'accord pour pratiquer la voyance chez toi Nna Daouia. Elle battit des mains : - Très bien… Tu vois comme tu es sensée ! Elle se retourne vers son fils : - Toi alors ! On peut dire que tu n'as rien compris… Tu es comme ton père… C'est les femmes qui vont mener à bon port la famille ! - Je n'ai pas encore dit mon dernier mot. Kamel me lance un regard outré. - Oui, repris-je, en lui faisant un clin d'œil discret… Je n'ai pas encore donné une réponse finale… Je dois tout d'abord poser mes conditions. - Quelles conditions Louisa ? Je te propose la voyance sous mon toit… Tu vas recevoir les gens tout en restant chez toi… Tu n'auras pas besoin de sortir pour gagner de l'argent…C'est l'argent qui vient vers toi ! Ma belle mère me serrait le bras à me le briser. L'opportunité était trop tentante pour elle, pour qu'elle la laisse échapper. Sûre de moi, je dégage mon bras de son étreinte : - Bien sûr Nna Daouia. Je ne vais pas laisser l'argent me filer entre les doigts alors que j'en ai terriblement besoin. Je regarde ma robe en soie qui descendait jusqu'à ma cheville, mais dans laquelle je grelottais de froid. J'avais besoin de vêtements chauds… J'avais besoin de chaussures fermées… J'avais besoin de manger à ma faim. Je passe une main sur mon ventre qui gargouillait… Je pourrais au moins calmer les tiraillements de mon estomac, si je pouvais amasser quotidiennement de quoi acheter du pain, du lait, du fromage, des légumes, des fruits… Je rêvais d'un véritable repas chaud et consistant. - Je suis d'accord, repris-je… Je vais pratiquer la voyance. Et si cela marche, nous allons gagner amplement de quoi vivre à l'aise. - Mais cela va marcher, je suis certaine ! Il suffira de gagner la confiance des premiers clients. - Eh bien, je la gagnerai… Tu connais mes prédilections… Je t'ai déjà reçue comme cliente. Nna Daouia hoche la tête : - Justement. Je me base sur cette hypothèse… Mais pourquoi hésites-tu encore ? (À suivre) Y. H.