Le président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (Laddh) a abordé la menace qui pèse sur le pluralisme syndical. “Depuis son installation en février 1992, l'état d'urgence a réellement bloqué le pays sur tous les plans. Aujourd'hui, on se demande si les Algériens ouvrent droit à une culture de libertés ! Les droits de l'homme sont bafoués et cette situation ne peut plus durer car la nouvelle génération n'accepte plus la soumission à un régime dictatorial.” C'est ce qu'a déclaré Ali-Yahia Abdenour, président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (Laddh), dans un point de presse animé, hier, à Alger. Le conférencier a abordé les sujets chauds de l'actualité nationale, à savoir la grève des enseignants, l'élection présidentielle, l'affaire des disparus et la liberté de la presse. L'orateur, qui a lié la situation catastrophique des droits de l'homme à l'état d'urgence, dira d'emblée que le champ politique est verrouillé par le pouvoir en place. Abordant la liberté d'expression et de la presse, Me Ali Yahia s'interroge sur le lien qui existe entre les journaux, le pouvoir et l'argent. “Actuellement, les journalistes, correspondants et autres travaillant à l'intérieur du pays ne bénéficient d'aucune protection. Ils sont livrés à une mafia locale dangereuse et aux harcèlements de l'administration. Les affaires des journalistes d'El Khabar, de Liberté et d'El Watan en sont la preuve tangible sur l'inexistence d'un système de protection de cette corporation livrée au lynchage à huis clos”, fera remarquer le conférencier qui dénonce les manœuvres du pouvoir à chaque fois que des journaux évoquent des scandales politiques ou économiques. Sur un autre plan, Me Ali Yahia a évoqué l'affaire des disparus, tout en fustigeant le Comité ad hoc installé par M. Abdelaziz Bouteflika. “Depuis 1998, la peur a changé de camp. Les familles de disparus acceptent de déposer plainte car la majorité de ces familles connaissent les ravisseurs. Aujourd'hui, ce comité a les mains liées car aucune enquête ne peut évoluer sans les services de sécurité, à savoir la police nationale, le DRS et la justice”, signale le conférencier. Reprochant au président de la République d'avoir temporisé pour solutionner ce problème, il ajoutera : “Le régime n'accepte pas qu'une solution vienne de l'intérieur et de la volonté populaire. Ce même régime, en revanche, accepte tout ce qui vient de l'étranger.” Sur un autre plan, Me Ali Yahia Abdenour a mis en garde les acteurs politiques sur le danger qui pèse actuellement sur le pluralisme syndical. “La grève des enseignants et des syndicats, à savoir le CLA et le Cnapest, nous renseigne sur les intentions de ce pouvoir qui ne lésine pas sur les moyens pour laminer les contestataires.” Le conférencier a ensuite abordé la question des droits de l'homme en Algérie et dans le monde, avant d'annoncer que son organisation a récolté plus de 2 000 signatures pour la levée de l'état d'urgence. “Collin Powell est d'accord pour des élections libres et honnêtes en Algérie. Ce qu'il a oublié de dire, en revanche, c'est comment arrêter les massacres des populations civiles en Irak, en Palestine et en Afghanistan”, dira encore le conférencier qui réaffirme son soutien à la presse nationale dans son combat quotidien. F. B.