Les services offerts à la clientèle restent très insuffisants, de surcroît en deçà des standards régionaux, soulignent les spécialistes. “Dans le cadre de la réforme du secteur des télécommunications en Algérie, l'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (l'ARPT) s'apprête à lancer un appel à la concurrence pour l'octroi d'un maximum de trois licences de téléphonie fixe internationale et interurbaine. Cet appel à la concurrence devrait prendre la forme d'un appel d'offres international ouvert où chaque candidat sera tenu de soumettre une offre technique et trois offres financières, soit une offre financière pour chacun des scénarios où une, deux ou trois licences seraient attribuées. Seules les offres financières devraient servir à déterminer lequel ou lesquels des candidats qualifiés obtiendront une licence”, affirme l'ARPT dans un communiqué. Un avis d'appel à manifestation d'intérêt et à commentaire a déjà été lancé. Les candidats intéressés sont invités à se rapprocher de ses services, au plus tard le 19 janvier 2004, pour pouvoir participer à la procédure d'appel à la concurrence. “L'appel à la concurrence devrait être lancé par l'ARPT d'ici la fin du mois de janvier 2004 et la où les licences devraient être octroyées d'ici la fin du mois d'avril 2004”, précise-t-on. L'ARPT affirme avoir fixé les critères de qualification que devront satisfaire les candidats intéressés par l'obtention de la licence. Le communiqué de l'ARPT souligne que les candidats doivent avoir un montant de fonds propre d'au moins 25 millions de dollars, un minimum de 100 000 abonnés finaux fixes (à l'extérieur de l'Algérie), une expérience minimale de trois années pour les transporteurs interurbains et internationaux fournissant un service de téléphonie internationale et interurbaine, une expérience minimale de trafic international (à l'extérieur de l'Algérie) : au moins 125 millions de minutes au cours de la période des douze derniers mois et, enfin, une expérience minimale au niveau de certains réseaux et services particuliers : exploitation d'au moins 100 kilomètres de fibre optique d'une capacité d'au moins 155 Mbit/s. M. Messaoud Chettih, PDG d'Algérie Télécom (AT), lors d'une journée d'étude portant sur la stratégie de développement de la poste et des technologies de l'information, affirme que pour le téléphone fixe, le taux de saturation de ce réseau a atteint 80% dans certaines wilayas. Le nombre de demandes en instance est estimé à 730 000 demandes. Algérie Télécom, opérateur public qui détient pour l'instant le monopole de la téléphonie fixe, dispose de 2 700 000 lignes dont 2 130 000 lignes raccordées, soit une télédensité téléphonique de 6%. Les spécialistes affirment que les services de télécommunication offerts sont insuffisants et restent au-dessous des standards régionaux. Mais en tout état de cause, le secteur des télécommunications en Algérie semble être celui où le développement de nouveaux services, l'ouverture à la concurrence et la réforme des acteurs publics ont pu être menés de pair. Cette réussite explique en grande partie que les ambitions réformatrices s'y soient moins essoufflées qu'ailleurs. La téléphonie mobile connaît un engouement sans doute prévisible, mais qui n'était pas pour autant garanti avant que le marché n'ait fait ses preuves. Orascom Télécom Algérie, l'opérateur privé, a annoncé en septembre dernier, soit un an et demi à peine après le lancement de ses premières offres Djezzy, son premier million d'abonnés et se fixe comme objectif les deux millions d'abonnés en 2004. Signe que les perspectives de croissance dans ce secteur sont bien réelles. La troisième licence a été attribuée à la compagnie koweitienne, Watania, pour un montant de 421 millions de dollars. La bonne volonté affichée par les autorités de tutelle ne suffira pas, néanmoins, à faire des miracles, sans un sérieux effort d'investissement dans l'infrastructure des télécommunications, le taux de télédensité pour la téléphonie fixe ne dépassant pas les 6%. De ce point de vue, l'enjeu est moins de se hâter vers l'ouverture totale du secteur prévu initialement pour 2005, que de donner un coup d'accélérateur aux capacités de l'opérateur historique. M. R.