Deux cent dix membres du CC sur 351 ont décidé, le 19 mai, de retirer la confiance à Belkhadem, mais la direction refuse que cette proposition soit à l'ordre du jour. C' est dans une ambiance électrique que la direction du Front de libération nationale (FLN) s'affaire à apporter les dernières retouches aux préparatifs du Comité central (CC) qui s'ouvre demain vendredi. Electrique parce que la réunion du bureau politique (BP) de la veille vient de prendre la décision d'organiser l'ensemble des travaux de la session du CC à huis clos. Même la séance d'ouverture des travaux traditionnellement ouverte à la presse leur est interdite cette fois-ci. “C'est comme ça qu'on a décidé et c'est tout”, a indiqué hier Kassa Aïssi, membre du BP et responsable de la communication au parti à la question de savoir pourquoi les travaux de la session se tiennent loin des regards. Jamais le huis clos n'a été imposé aux travaux du CC sous le règne de l'ancien secrétaire général, Ali Benflis, ni même l'actuel, Abdelaziz Belkhadem. Il s'agit d'une première qui peut s'expliquer par les inquiétudes qui pèsent quant à la tournure que peuvent prendre les travaux de la session et qui peuvent se solder par un retrait de confiance à Belkhadem. Cette hypothèse peut se concrétiser dans le cas où la direction du parti accepterait un vote à travers l'urne “du retrait ou du maintien de Belkhadem à la tête du FLN”. C'est en tout cas la revendication majeure de la contestation au parti. 210 membres du CC sur 351 ont décidé, le 19 mai dernier, lors d'une rencontre à Alger, de retirer la confiance à Belkhadem. Mais, présentement, la direction rejette en bloc la proposition consistant à insérer cette question dans son ordre du jour qui consistera en l'évaluation des législatives, la préparation des élections locales et éventuellement les questions organiques. Dans les questions organiques, celle du retrait de confiance au SG peut être débattue. Mais rien n'est sûr à ce sujet. En tout cas, la question de l'utilisation de l'urne pour trancher le maintien de Belkhadem ou son départ de la tête du parti est évitée par la direction. D'ailleurs, même la commission des sages composée d'anciens militants (Abdelkader Hadjar, Boukhalfa, Abderrezak Bouhara, Afane et Sabaâ), qui ont tenté de convaincre Belkhadem d'utiliser l'urne, n'ont pas pu l'infléchir à ce sujet. Ce dernier leur a juste concédé une chose. “On peut utiliser l'urne pour définir la méthode de travail, c'est-à-dire si oui ou non on utilisera l'urne”, a-t-il indiqué. “Mais personne ne peut dire si Belkhadem tiendra ses promesses”, nous disent-ils, “tant il nous a habitué du contraire”. Quoiqu'il en soit, la session du Comité central qui s'ouvre vendredi ne réunira pas l'ensemble de ses membres : sur les 351 animateurs du CC, 16 n'y prendront pas part parmi lesquels Mohamed-Seghir Kara, ancien ministre du Tourisme, et l'actuel ministre de la Formation professionnelle El-Hadi Khaldi. “Leur participation au CC est gelée car ils n'ont pas répondu à une convocation de la commission de discipline du parti”, soutient Kassa Aïssi. “Nous n'avons reçu aucune convocation”, ripostent les deux ministres. Ce faisant, il faut dire que même si ce CC revêt le caractère d'une session ordinaire, elle n'aura d'ordinaire que le nom. Puisqu'une forte opposition s'est constituée contre Belkhadem en raison de ce qu'ils appellent ses “dérives politiques, idéologiques et organiques”. Belkhadem, qui a affiché son ambition de briguer la magistrature suprême en 2014, est critiqué et dénigré “car c'est un islamiste”. “Nous ne voulons pas qu'il se présente sous les couleurs du FLN”, a récemment indiqué l'ancien ministre de la Poste et des Télécommunications, Boudjemaâ Haïchour. Embourbé dans une crise sans précédent, le FLN ne devra son salut qu'à une décision d'en haut. C'est en tout cas ce que soutiennent de plus en plus de voix. À suivre. N M