Le secrétaire général du FLN réagit et fort. Il s'appuie sur les textes internes pour barrer la route à ses adversaires. Il n'est pas question que ces derniers changent l'ordre du jour du comité central. Le secrétaire général du FLN contre-attaque. Pour baisser la pression qu'exercent sur lui les frondeurs du Comité central, il a décidé d'interdire de participation à sa session du 15 et 16 juin pas moins de seize membres. En plus des deux redresseurs, Mohamed-Seghir Kara et El-Hadi Khaldi, suspendus depuis des mois pour avoir refusé de répondre à trois convocations de la commission de discipline, Belkhadem s'est appuyé sur les textes du parti pour exclure (le porte-parole du FLN évoque une interdiction de participer aux travaux du CC), pour barrer la route, du moins pour une partie des membres qui le contestent et qui prévoient d'inscrire à l'ordre du jour un vote pour le destituer de la tête du parti. Les concernés sont, en plus des deux redresseurs, ceux qui se sont présentés sur des listes indépendantes ou sur des listes d'autres partis aux législatives du 10 mai dernier. Selon une déclaration de Kassa Aïssi, le porte-parole, à l'APS, les travaux de cette session ordinaire à laquelle a appelé Belkhadem se dérouleront à huis clos. Habituellement, la presse est conviée à l'ouverture des travaux et, parfois, assiste même aux débats d'avant la clôture. Précision cependant de M. Aïssi : les travaux seront ponctués par des points de presse. Cela s'explique, selon lui, par le souci de la direction du parti d'assurer “la réunion dans un cadre serein et sage où le débat sera ouvert à tout le monde”. Autre détail important, Abdelaziz Belkhadem, qui avait affirmé une première fois accepter de passer le test de l'urne lors de cette session avant de se rétracter, a verrouillé le jeu en optant pour un ordre du jour expurgé du point lié à la revendication des frondeurs. Il sera ainsi question du bilan des législatives où le parti a gagné la majorité, de la préparation des élections locales, de politique générale ainsi que des sujets organiques. Dans sa déclaration, M. Aïssi indique, malgré cette exclusion qui ne dit pas son nom, que “notre objectif est de faire sortir le FLN d'un cycle sans fin. Il faut dégager, lors de cette session ordinaire, une forte entente”. Il a réfuté également l'information ayant fait état de la non-convocation de certains membres du CC. Les convocations ont été envoyées dans les délais réglementaires, 15 jours avant la tenue de la session, et tous les membres du CC en ont été destinataires, à l'exception, bien entendu, des membres suspendus, a-t-il précisé. Il conteste également le rapport établi par les “mécontents” sur la gestion de Belkhadem en estimant qu'il a été rédigé dans un cadre “illégal”. Ce qui n'enlève, logiquement, rien au contenu dudit rapport. Le secrétaire général pourrait cependant présenter son propre rapport. Ainsi donc, seuls 335 membres sur les 351 participeront à cette session. Ce qui semble bien s'inscrire dans une logique de contre-attaque de Belkhadem et qui pourrait aboutir à une purge dans le cas où il prendrait l'ascendant sur ses opposants. Belkhadem a adopté, depuis le début de la crise du FLN, une stratégie qui lui a fait gagner du temps. Cependant, ce sursis n'a pas empêché la tension avec les redresseurs de contaminer le comité central. Mais la contestation n'a pas réussi à le déstabiliser au point de le débarquer puisqu'il a su, à chaque fois, trouver la parade aux offensives des mécontents. Il semble même avoir gagné la bataille des coulisses et des médiations si l'on tient compte de la programmation et de l'ordre du jour de la session du CC qui s'ouvre le 15 juin. Reste enfin l'énigme de la position et la réaction des membres du CC signataires de la pétition contre Belkhadem et qui seraient majoritaires. Que vont-ils faire ? Imposer, comme ils le préconisaient, le vote dans l'ordre du jour ? La réponse à l'ouverture de la session. D B.