Les Frères musulmans ont revendiqué hier la victoire de leur candidat Mohammad Morsi à l'élection présidentielle en Egypte, annonce aussitôt contestée par son rival Ahmad Chafiq, une ancienne figure du régime de Moubarak renversé en février 2011. Le futur président, quel qu'il soit, disposera toutefois d'une marge de manœuvre très réduite face à la junte aux commandes du pays depuis la chute de Moubarak qui s'est attribué de vastes prérogatives peu avant la fermeture des bureaux de vote dimanche soir. “Le docteur Mohammad Morsi est le premier président de la République élu par le peuple", a affirmé sur son compte Twitter le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), bras politique des Frères musulmans, présidé par M. Morsi. Sa campagne a ensuite annoncé que M. Morsi avait obtenu 52% des voix contre 48% pour M. Chafiq. Cette annonce a aussitôt été rejetée par le camp de M. Chafiq, un général à la retraite et ancien Premier ministre de Moubarak considéré comme le candidat de l'armée. “Nous la rejetons totalement", a déclaré à la presse un responsable de la campagne de M. Chafiq, Mahmoud Barakeh. “Nous sommes étonnés par ce comportement bizarre qui revient à détourner le résultat de l'élection", a-t-il ajouté. “C'est un acte de piraterie de revendiquer une victoire en utilisant des chiffres totalement faux", a déclaré à la presse Ahmad Sarhan, un responsable de la campagne de M. Chafiq. “C'est une fausse victoire", a ajouté M. Sarhan, affirmant que, selon des résultats préliminaires dont dispose son bureau de campagne, M. Chafiq était “toujours en tête des suffrages et recueillerait entre 51 et 52%" des voix. D'après nous, M. Morsi a fait ce coup d'éclat pour pouvoir crier à la fraude une fois annoncé officiellement le résultat de la présidentielle", a-t-il dit. Un autre responsable de la campagne, Mahmoud Farrag, a affirmé que M. Chafiq avaient recueilli 51,6% des voix selon des résultats partiels en provenance des bureaux de vote. Ceci étant, Mohamed Morsi, donné vainqueur selon des résultats non officiels, a promis hier matin d'“être le président de tous les Egyptiens et de ne régler ses comptes avec personne", selon des médias. “Ceux qui m'ont dit : oui et ceux qui m'ont dit : non sont tous des enfants d'Egypte, et donc mes proches. Nous devons avancer, les habitants de notre pays auront tous les mêmes droits", a déclaré M. Morsi peu après l'annonce de ces résultats non définitifs, soulignant qu'il n'envisageait pas une quelconque vengeance ou un règlement de compte, il a notamment promis de réformer les organes du pouvoir affectés par la corruption, de nommer plusieurs adjoints et conseillers représentant différents courants de la société et de mettre en adéquation les droits des musulmans et des chrétiens coptes. M. Morsi a remercié ceux qui ont voté pour lui et s'est engagé à travailler “main dans la main avec les Egyptiens pour un avenir meilleur, pour la liberté, la démocratie et la paix". Il a aussi promis de “servir tous les Egyptiens", quelles que soient leurs obédiences politiques ou religieuses. R. I./Agences