Prérogatives n La junte au pouvoir en Egypte s'est attribué hier soir de vastes prérogatives, dont le pouvoir législatif, peu après la fin du vote pour la première présidentielle de l'après Moubarak. Quel que soit le vainqueur du scrutin opposant une figure de l'ère Moubarak, M. Chafiq à un Frère musulman, Mohammad Morsi l'essentiel du pouvoir restera aux mains des militaires. Cette situation perdurera jusqu'à l'élection d'une nouvelle Assemblée du peuple à la place de la chambre dissoute samedi en application d'un arrêt de la Haute cour constitutionnelle en raison d'un vice juridique dans la loi électorale. Les nouvelles dispositions, vivement contestées par les Frères musulmans et les partis de la mouvance révolutionnaire, qui les ont assimilées à «un coup d'Etat», sont contenues dans une Déclaration constitutionnelle complémentaire publiée par le Conseil suprême des forces armées (CSFA), au pouvoir en Egypte depuis la chute de Hosni Moubarak en février 2011 sous la pression de la rue. Le document publié hier amende une première Déclaration constitutionnelle promulguée par les militaires en mars 2011. Le nouveau texte stipule que le CSFA «exerce les prérogatives prévues dans la première clause de l'article 56 (le pouvoir législatif) (...) jusqu'à l'élection d'une nouvelle Assemblée du peuple». Ce scrutin ne pourra toutefois pas avoir lieu avant la rédaction d'une nouvelle constitution par une commission ad hoc et son adoption «par voie de référendum», précise le texte. La rédaction de la nouvelle constitution sera confiée à une «commission constitutionnelle représentant tous les segments de la société» et qui disposera de trois mois pour terminer ses travaux, ajoute le texte. Le CSFA s'accorde en outre un droit de veto sur tout article qu'il estime «contraire aux intérêts suprêmes du pays». Le texte donne également le droit au CSFA de former une nouvelle commission constitutionnelle si l'instance actuelle, dominée par les islamistes, «est empêchée d'accomplir son travail». Les militaires laissent ainsi planer la menace d'invalider la commission actuelle, élue la semaine dernière par le parlement et dont la composition avait provoqué de nombreuses critiques, les libéraux estimant qu'elle servirait de caution aux islamistes pour la rédaction d'une loi fondamentale reflétant leurs positions politiques et religieuses. La Déclaration stipule aussi que le CSFA du maréchal Hussein Tantaoui «dans sa composition actuelle a pouvoir de décision pour tout ce qui relève des forces armées, la nomination de ses commandants et la prolongation de leur service». - Les Frères musulmans ont revendiqué ce matin la victoire de leur candidat Mohammad Morsi à l'élection présidentielle en Egypte. C'est du moins ce qu'a affirmé sur son compte Twitter le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), bras politique des Frères musulmans. Son directeur de campagne, Ahmad Abdelati, a pour sa part affirmé lors de la même conférence de presse que M. Morsi avait obtenu 52,5% des voix contre 48% pour son rival Ahmad Chafiq. Après cette annonce, M. Morsi a promis de «servir tous les Egyptiens» quelles que soient leur obédiences politiques ou religieuses. Cette annonce a aussitôt été rejetée par le camp de M. Chafiq qui tient les rênes du pays depuis la chute de Moubarak et s'est arrogé dimanche des vastes prérogatives réduisant largement les pouvoirs du futur président. «Nous la rejetons totalement» a déclaré à la presse un responsable de la campagne de M. Chafiq, Mahmoud Barakeh. Un autre responsable de la campagne Mahmoud Farrag, a affirmé que M. Chafiq avaient recueilli 51,6% des voix selon des résultats partiels en provenance des bureaux de vote. Les résultats officiels doivent être annoncés le 21 juin par la Commission électorale. R. I. / Agences