Soixante pour cent des besoins nationaux en blés sont toujours importés pour un montant de 5 milliards de dollars (2010). La production céréalière algérienne se situerait, d'ici à la fin de l'exercice 2012, entre 56 et 58 millions de quintaux (qx). Des responsables au ministère de l'Agriculture et du Développement rural (Madr) parlent d'un deuxième record national après celui réalisé en 2009. La valeur des quantités produites avoisinerait les 2 milliards de dollars contre 1,7 milliard de dollars en 2010. Les rendements ont également connu une amélioration puisqu'ils passent de 12 qx/hectare en 2000 à plus de 17 qx/hectare en 2012. En vingt années, la productivité de la céréaliculture a évolué d'un quintal tous les deux ans. Chaque année, 3,3 millions d'hectares sont réservés à la production des céréales, soit 70% de la surface agricole utile (SAU). Ce qui contribue à la création de 100 000 postes d'emploi permanents annuellement. Ces statistiques avancées par le directeur général de l'Office interprofessionnel des céréales (Oaic), Nordine Kehal, cachent mal, cependant, la triste réalité qui balance à la figure des observateurs les plus optimistes le taux de 60% des besoins nationaux en blés, importés tous les ans pour un montant de 5 milliards de dollars, pour ne citer que l'exercice 2010. Un rendement à environ 17 qx/ha en moyenne en Algérie reste encore faible devant celui de l'Union européenne (UE) qui dépasse les 70 qx/ha. Parmi les mesures prises dans le cadre de cette stratégie, l'on cite le recentrage de la filière céréalière. Convaincus du bien-fondé de cette politique, tous les acteurs de la filière ont apporté leur soutien. C'est dans le sillage de cette démarche que le Comité interprofessionnel des céréales (Cic) a vu le jour. Il s'agit d'un organe consultatif qui fait partie de l'organisation statutaire de l'Oaic. Présidé par le P-DG du groupe Benamor, Laïd Benamor, le Cic se veut une force de propositions ayant trait à la filière. Le conseil a pour mission de rapprocher tous les intervenants, notamment les céréaliculteurs, les transformateurs, les distributeurs, les boulangers et les consommateurs autour d'une interprofession qui a pour fondement un principe de dialogue et de concertation et non pas une logique d'affrontements et de confrontations. Le ministre, qui a pris part à la première réunion organisée hier par le Cic sur sa propre initiative, a évoqué les difficultés rencontrées pour arriver à réorganiser le secteur et, par la même occasion, les diverses filières agricoles. Reprise des vieilles moissonneuses-batteuses Le ministre a également annoncé au cours de cette rencontre la mise en place d'un dispositif de reprise des anciennes moissonneuses-batteuses. Sur un parc global de 9 500 machines, 1 500 sont jugées vétustes. Les propriétaires de celles-ci sont donc invités à les restituer au profit de l'usine de Sidi Bel-Abbès qui travaille en partenariat avec une firme finlandaise et d'en acheter des neuves. Du prix total fixé à 10 millions de dinars la moissonneuse-batteuse, l'Etat prendra en charge 7 millions de dinars. Ainsi, l'agriculteur n'aura à s'acquitter que de 3 millions de dinars. Il peut payer cash, obtenir un crédit Ettahadi ou opter pour la formule du leasing. Présent à cette rencontre dédiée à la remontée de la filière céréalière, Réda Hamiani, président du Forum des chefs d'entreprise (FCE), plaide pour une sortie impérative de la spirale de l'importation. M. Hamiani : “Il faut sortir de la spirale de l'importation" Pour lui, le monde de l'industrie a trouvé une véritable source d'approvisionnement auprès du secteur agricole. M. Hamiani estime que les taux de croissance concrétisés par l'agriculture prouvent que la politique choisie est la plus idoine. Toutefois, s'étonne-t-il, l'Algérie se trouve face à deux paradoxes. “Le premier : en dépit des efforts consentis en termes de production, les importations n'ont pas diminué !" souligne-t-il. Entre 2006 et 2011, les importations ont été multipliées, regrette-t-il, par trois. Il déplore, en outre, les fuites aux frontières de certains produits agricoles et agroalimentaires. “Le soutien, les différentes aides et autres avantages prévus pour ces produits font le bonheur des populations des pays voisins", précise le président du FCE. La deuxième anomalie touche, indique-t-il, la baisse significative des populations agricoles employées par le secteur. Le taux a baissé, selon lui, de 27% entre 2007 et 2009 et à 13% entre 2010 et 2012. Cela étant, Réda Hamiani tient à renouveler sa confiance et son soutien au Madr tout en exhortant le ministre à continuer à protéger le pouvoir d'achat des couches sociales les plus défavorisées et de garantir dans le même temps des revenus suffisants aux producteurs en amont. B K