Belaïd Lacarne, le numéro un de l'arbitrage algérien, rompt le silence et répond en exclusivité aux questions de Liberté. Il répond surtout aux critiques qui ont marqué une fin de saison mouvementée sur le plan de l'arbitrage et fait son bilan sans complaisance. Liberté : L'annonce par le bureau fédéral de la FAF de la création d'une structure administrative de haut niveau pour la gestion de l'arbitrage et d'une cellule de désignation des arbitres n'est-elle pas en fait une remise en cause de l'autorité de la CFA qui se voit concurrencée par une direction parallèle ? Belaïd Lacarne : Effectivement, lors du bureau fédéral du 16 juin, j'avais présenté mon bilan de la saison sportive 2011/2012 et j'ai exposé des perspectives de développement de la structure centrale de la Commission fédérale des arbitres, mais je rappelle que c'est moi qui les ai proposées. Le communiqué de la FAF peut être interprété différemment mais, en réalité, c'est toute autre chose. Pour répondre à votre question, nous ne connaissons pas à ce jour une direction parallèle, c'est notre force. Notre souci majeur actuellement est de donner les moyens nécessaires pour la gestion quotidienne de l'arbitrage, conformément aux derniers règlements et orientations de la Fifa dans le domaine de l'organisation, de développement et de la professionnalisation des structures permanentes de la CFA. Depuis deux années, nous cherchons à recruter de jeunes cadres de haut niveau pour prendre en charge tout le côté administratif et logistique du corps arbitral (voir document des missions des administratifs), ce n'est pas une nouveauté mais un souci d'améliorer la gestion administrative de la CFA. Quant à la cellule de désignation, elle sera évidemment sous la responsabilité du président de la CFA, et nouveauté, des représentants de LFP, LNFA et interrégions siégeront au sein de cette structure, rien de plus simple, mais pourquoi en faire une affaire ! Il ne faut pas oublier le travail effectué par la CFA depuis février 2009 dans le domaine de la professionnalisation, la mise en place de panels d'instructeurs techniques, préparateurs physiques, évaluateurs, techniciens pour les montages vidéo, tous ces experts au nombre de 40 composent la Commission fédérale des arbitres et apportent leurs savoir et expérience dans le domaine de l'arbitrage. Avez-vous eu des assurances de la part du président de la FAF quant à l'indépendance de la CFA et son autorité sans partage de l'arbitrage algérien ? La question ne se pose même pas. La Commission fédérale des arbitres a la confiance totale du président de la FAF. Nous travaillons en étroite collaboration, tous nos travaux sont présentés et discutés également au BF ; l'indépendance de la CFA se résume dans l'autonomie de gestion des programmes adoptés par le bureau fédéral. Que peut-on faire sans une confiance mutuelle ? La cellule de désignation des arbitres, visiblement tant convoitée, reste-t-elle sous votre autorité et surtout votre surveillance ? On oublie l'essentiel du programme de la CFA, assainissement, rajeunissement, développement et formation pour se focaliser sur les problèmes de désignation. Comme chacun doit le savoir, la désignation est une des chaînes de l'ensemble des missions de l'arbitrage, et je pense que c'est la plus facile car à chaque fin année, le classement fait apparaître les 18 trios ayant gagné leur place en LFP 1 ou 2. Cette cellule reste sous la responsabilité directe du président de la CFA, je ne vois pas comment elle peut lui échapper. L'exercice qui vient de s'achever a été sur le plan de l'arbitrage catastrophique, selon les observateurs. Êtes-vous d'accord sur ce jugement ? Nous respectons les avis et opinions des observateurs. Cependant, nous ne partageons pas leur point de vue général car, selon notre analyse, sur le plan technique, l'évaluation s'avère globalement positive. Il n'en demeure pas moins que des insuffisances ont été enregistrées en fin de saison, émanant d'arbitres internationaux, possédant un potentiel expérience important. Toujours dans l'analyse des prestations des arbitres, la CFA enregistre avec satisfaction la progression dans la valeur intrinsèque des jeunes arbitres qui se sont, dans l'ensemble, correctement acquittés des obligations qui leur sont dévolues. Enfin, s'agissant du respect de l'éthique sportive et de la sécurisation des équipes évoluant à l'extérieur, une étude statistique réalisée par la CFA fait ressortir que 46% des rencontres de division 1 ont vu l'équipe visiteuse réaliser un résultat positif (victoire ou nul). Et 40% des rencontres de division 2, soit près de la moitié des rencontres. Selon vous, pourquoi tant de critiques et que fait la CFA pour améliorer le niveau des arbitres ? Les erreurs d'arbitrage font (et feront toujours) partie du jeu et sont souvent constatées au plan international dans des rencontres de très haut niveau, sans qu'il y ait lieu de lever des boucliers comme ce que nous vivons sur certains de nos terrains. À titre d'exemple, les mordus du foot suivent normalement l'Euro 2012 ; nous avons eu droit à une défaillance quelque part sur le but inscrit par l'équipe d'Ukraine contre l'Angleterre où le ballon a franchi entièrement la ligne de but sans que le but soit validé par l'équipe des arbitres au nombres de 5 ! L'erreur est humaine dans l'arbitrage ; encore une fois, nous avons été témoins d'une erreur d'arbitrage sans que personne crie au scandale. De même dans la rencontre Espagne/Croatie, le but inscrit par Navas est tout à fait régulier car au départ du ballon, Iniesta l'ayant reçu de son coéquipier était sur la même ligne que le dernier défenseur avant de faire une passe à Navas pour inscrire le but. L'élévation de la qualité du niveau technique de l'arbitrage national doit être le souci de tous les acteurs, dirigeants, joueurs, entraîneurs, qui doivent admettre que les contestations de décisions des arbitres et l'exercice de pressions négatives sur ces derniers ne sont et ne seront jamais de nature à favoriser l'émergence d'un arbitrage de qualité. Aussi, il faut le dire, la méconnaissance des lois du jeu en constante évolution est en partie source des contestations de décisions des arbitres et de comportements antisportifs. La Commission fédérale des arbitres continuera à axer ses efforts sur une formation moderne continue et souhaite la contribution de toutes les parties concernées pour le bon déroulement des compétitions nationales. Pensez-vous que des arbitres comme Benouza, Haïmoudi et Houasnia, qui ont commis des erreurs graves, puissent avoir encore leur chance dans le prochain championnat et pourquoi n'avoir pas proposé au bureau fédéral des sanctions plus sévères contre eux ? Benouza, Haïmoudi et Houasnia ont été sanctionnés conformément au règlement intérieur, comme nous avons prononcé pour la saison sportive 2011/2012 trente-cinq sanctions pour insuffisance technique ou mauvaise gestion de la rencontre. Est-il vrai que certains arbitres internationaux, qualifiés d'intouchables, à l'instar de Benouza, échappent au contrôle de la CFA ? Aucun arbitre n'échappe au contrôle de la CFA. Qu'est-ce que cela vous inspire quand certains parlent de corruption à ciel ouvert d'arbitres et achat-vente de penalties ? Je pense que les gens parlent de corruption uniquement pour la consommation quotidienne. En quoi la CFA est-elle responsable ? Ceux qui parlent de corruption ne doivent pas se tromper d'adresse, c'est de la poudre aux yeux ! Ils doivent plutôt s'adresser aux services de sécurité et à la justice pour ouvrir une enquête. Ce fléau n'est pas nouveau, personne n'apporte la preuve, ce n'est pas l'affaire de la CFA de faire le travail de la justice. Promettez-vous un meilleur visage de l'arbitrage l'année prochaine ? Cela n'empêchera pas la commission de persévérer dans l'effort de réaliser le plan des actions de formation comme cité plus haut, du rajeunissement du corps et de la professionnalisation de l'arbitrage dans les fonctions. Avez-vous déjà songé à démissionner après tant de critiques ? Vous dites des critiques ! Non, ce sont des campagnes de déstabilisation continues et dirigées pour des intérêts. J'ai connu cette campagne lors de ma première prise en charge de l'arbitrage en 1997. Les personnes sont connues, et cet acharnement sur ma personne ne m'affecte pas du tout. Mes années de service (gestion de l'arbitrage) depuis 1988 à ce jour, tant sur le plan national qu'international, m'apportent beaucoup de joie et de bonheur. Or, ceux qui sont à l'origine de ces campagnes ne peuvent pas en dire autant ! Les missions de l'administrateur Administrateur et gestionnaire (arbitrage professionnel & amateur) - Responsable des activités administratives - Mise en place des programmes de formation - Suivi du plan d'action - Coordination avec les autres structures - Responsable de la préparation des stages-séminaires, tests physiques - Prospection des lieux pour abriter les stages, tests physiques - Mise en œuvre et réalisation de guide, manuel, brochure, se rapportant aux lois du jeu - Diffusion du matériel didactique - Préparation des bilans d'activité - Initiation pour les désignations des arbitres - Suivi du courrier - Autres S. L.