À chaque ouverture de saison estivale, les assurances données aux estivants par les responsables et élus locaux quant à la gratuité des plages et leur libre accès ne font guère long feu. Et le constat est sans appel puisque, d'année en année, les Oranais découvrent avec effarement que leur littoral est tombé entre les mains de charognards faisant main basse sur la majorité des plages, les plus belles et les plus accessibles. Le système de concession des plages mis en place, et surtout tel que pratiqué, s'avère en fait n'être qu'une opération sauvage de privatisation du domaine public du littoral. Cet été est déjà émaillé de nombreux incidents, comme rapporté par des estivants qui se sont vu, ni plus ni moins, menacés par un concessionnaire ou l'un de ses sbires armés d'un gourdin. Non content de ne pas respecter le cahier des charges quant au périmètre lui étant concédé et le libre accès à la mer en dehors de son périmètre, ces énergumènes vont jusqu'à chasser les familles qui oseraient venir installer leur propre parasol à proximité de “leur" plage. Ce sont là des scènes qui ont été vécues par de paisibles vacanciers contraints d'aller chercher une place sur des rochers ou un endroit qui n'est pas surveillé. Plus grave, cette situation est accrue par le phénomène des concessionnaires clandestins qui, eux aussi n'hésitent pas à accaparer certaines plages sans aucune autorisation, ce qui ne les empêche pas d'imposer leur diktat aux vacanciers en toute impunité. Ce racket estival avec les emplacements dans le périmètre d'une concession dépassent les 600 DA pour un parasol et 4 chaises, démarre dès l'arrivée sur le site avec un premier paiement pour l'accès à la plage, un deuxième pour le gardiennage du parking... et ainsi de suite. Ajoutez à cela la multiplication des plages privées intégrées à des hôtels, on se demande ce qui reste aux simples citoyens qui n'ont guère plus les moyens de s'offrir une journée en bord de mer. Il n'est pas étonnant de voir les dizaines de gamins s'adonner aux plaisirs de la baignade “dans les bassins des jets d'eau des ronds-points de la ville." C'est un émigré fraîchement débarqué et pourtant peu pénalisé par cette situation qui nous dira : “C'est l'absence de l'Etat qui provoque ces maux dans le pays, le deux poids, deux mesures !" D. L