RESUME : SEric semblait malheureux. Louisa devine tout de suite que ce jeune commandant était mal dans sa peau. Il était non seulement nostalgique, mais portait en lui de lourdes souffrances. Louisa lui propose la voyance afin de le distraire et d'éviter ses questions. Il hésite, mais finira par succomber à la tentation de connaître son avenir. Louisa découvre alors son passé. La main d'Eric trembla dans la mienne. Sa respiration devient saccadée. Je crois que j'avais réveillé en lui de terribles souvenirs. - Tu as perdu ta sœur dans cet accident n'est ce pas ? Il retire sa main, et se tient la tête : - Oui... Ma mère ne s'était jamais remise. Mon père non plus. - Il est mort une année après cet accident, et tu es retourné vivre en ville avec ta mère. Tu n'as plus jamais remis les pieds en Normandie. Eric tire une chaise, s'assoit et reprend son souffle, avant de se tenir la tête et de lancer: - Je n'aime pas trop parler de cet accident qui nous a marqué à jamais moi et ma mère... En fait je ne me confie jamais... Je tente d'oublier ce passé et de ne me remémorer que les jours heureux... Hélas ! parfois, le cauchemar revient. Il replonge un moment dans ce souvenir que je venais de réveiller en lui : - Louisa... Tu as vu juste. Tu pouvais inventer n'importe quoi... Mais pas cet épisode de ma vie. - Alors, laisse-moi lire dans ton avenir. Peut-être sera-t-il plus gai ? Il se passe une main dans les cheveux : - Oh ! En dehors de ma mère qui vieillit de jour en jour, je n'ai pas de famille... Je ne vois pas ce que je pourrais encore espérer... - Allons donc. Cette guerre n'est pas éternelle, tu finiras bien par te marier et fonder une famille. Et tu oublieras le passé. Il sourit : - Ce que j'ai oublié Louisa. C'est que tu es là pour un interrogatoire... ! Je hausse les épaules : - Peu importe. Tu pourras toujours m'interroger plus tard... Et puis à quel sujet... ? Je t'ai déjà répondu Eric... Il fait une moue moqueuse et se met à rire : - Tu es bien futée toi... Tu sais dévier les conversations. Disons que je commence à en avoir marre de tout çà... Va, reprends ta voyance. Voyons ce que me réserve l'avenir. Plus confiant cette fois-ci, il me tendit sa main sans hésitation aucune. Ce que je vis me rassura tout de go. Cet homme avait souffert. Derrière cet air dur qui masquait un grand sentimental, il n'avait rien de ce qu'il affichait... Il exécutait les ordres de ses supérieurs mais se recherchait encore. Un militaire pur et dur ? Non, Il n'était pas à sa place. Il voulait suivre les traces de son père mais n'était pas fait pour faire carrière sous les drapeaux. - Tu seras bientôt rappelé en France Eric. Ta mère a tellement plaidé ta cause auprès de tes supérieurs qu'on ne va pas tarder à te demander de rentrer au pays. Tu seras désigné pour un poste plus stable... Je ne connais rien aux carrières militaires, mais je crois que tu auras aussi un autre grade. Et puis, je vois une jeune femme... ta future femme... une Rousse tout comme moi. Il se met à rire : - C'est Hélène... Nous nous connaissons depuis plusieurs années. - Vous n'avez jamais pensé à fonder un foyer ? - Si... mais... avec cette guerre, crois-tu qu'il est aisé de faire des projets ? - Tout de même tu devrais penser à ton avenir. En tous les cas, les ondes sont positives pour toi puisque tu vas rentrer en France. - J'ai déjà eu écho de cette proposition figuretoi... Mais comme cela tardait.... - Cela ne va plus tarder. Bientôt tu reverras ton pays et ta maman, et tu concrétiseras tes projets. Eric s'approche de moi et me prends par les épaules : - Louisa... tu es une femme bien. Je n‘aimerais pas qu'un malheur t'arrive. Eloigne-toi de cette guerre. Retourne en France, ou pars ailleurs. Ici tu es mise à l'index, et lorsque l'armée a quelqu'un dans son collimateur, elle ne le rate jamais... Nos soupçons envers toi sont fondés... Tout le monde sait que tu soutiens les fellagas. Je garde le silence un moment et Eric poursuit : - Louisa je comprends tes motivations... Je parle en connaissance de cause. Je reprends mon souffle : - Eric, tu es un militaire... Tu sers ton pays... Ne crois-tu pas que moi aussi je devrais servir le mien ? - Certes... mais... à la guerre comme à la guerre. Nous sommes les colons, comme vous nous appelez et vous êtes les colonisés. Vous risquez vraiment gros toi et ta famille. Comprends-moi donc, je veux t‘aider. (À suivre) Y. H.