La première sortie de Laurent Fabius sur le continent africain se fera en Algérie. Ce choix est justifié par la position de notre pays dans la région avec les nombreuses turbulences, d'une part, et des dossiers bilatéraux en cours ou en friche, d'autre part. Après des entretiens avec son homologue algérien, le ministre français sera reçu par le président de la République. Les points qui seront certainement à l'ordre du jour porteront sur la situation au Mali pour laquelle les deux parties pensent que la piste du règlement politique doit prendre le pas sur une intervention militaire qui ne ferait qu'envenimer la situation, à condition que le président par intérim malien daigne rejoindre le pays. Paris semble emboîter le pas à la position algérienne dont on reconnaît les résultats obtenus dans le cadre du Caert. Les dossiers bilatéraux seront bien sûr à l'ordre du jour, comme la question de la reconnaissance des crimes commis durant la colonisation. Le cinquantième anniversaire de l'Indépendance, qui a vu une floraison de publications sur la période, permettra-t-il une approche sereine, d'autant plus que le locataire de l'Elysée diffère de son prédécesseur qui s'est englué dans le discours de l'extrême droite. L'occasion sera saisie par la partie algérienne pour remettre sur le tapis la question de la circulation des personnes. Comme atout dans sa poche, l'Algérie sortira les nombreux projets économiques dont la France a tant besoin en ces temps de crise qui la touche de plein fouet. Grand marché vierge, l'Algérie se présente comme un eldorado pas si difficile à conquérir, à condition que le franc jeu dame le pion aux arrière-pensées malsaines. Pour preuve, malgré sa bonne volonté, Raffarin, Monsieur Algérie, a vu certains projets patiner du fait de l'entêtement des acteurs économiques, directement impliqués. À titre d'exemple, cette fameuse usine Renault dont tout le monde parle, y compris ici, mais sur laquelle on cale déjà sur le lieu de son emplacement et le rôle précis des deux partenaires. Le fait d'avoir choisi Alger comme première sortie peut être interprété comme un geste positif. Reste à l'éclaireur de Hollande, pour cette première approche, de pouvoir défricher un chemin difficile. A. O. [email protected]