Cette visite, attendue dans les prochains jours, a pour objectif de donner une nouvelle impulsion aux relations algéro-françaises qui connaissent, actuellement, une situation de crispation. Le président français, Nicolas Sarkozy, vient de nommer un “Monsieur Algérie”. C'est la première conséquence politique de l'issue judiciaire réservée au dossier Mohamed-Ziane Hasseni, le diplomate qui vient d'être blanchi par la justice hexagonale après deux ans de déboires. L'ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, a été chargé d'une mission sur la coopération économique entre la France et l'Algérie et le développement des investissements dans les deux pays, a annoncé mercredi M. Raffarin, en publiant la lettre de mission du chef de l'Etat. “Cette mission aura pour but d'identifier et de lever les obstacles entre la France et l'Algérie pour leurs investissements économiques respectifs”, précise dans un communiqué, l'ancien Premier ministre qui doit se rendre prochainement à Alger. Le thème du développement des échanges économiques entre les deux pays avait notamment été évoqué par le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, et le Premier ministre algérien, Ahmed Ouyahia, les 21 février et 20 juin, lors d'entretiens à Alger. “Les deux hommes se sont accordés sur l'opportunité de confier de part et d'autre le suivi de ces relations à une personnalité de haut niveau, dont le rôle serait notamment de coordonner la coopération économique franco-algérienne ainsi que le développement des investissements français en Algérie et algériens en France”, écrit le président Sarkozy dans sa lettre de mission. Si “notre pays demeure l'un des tout premiers partenaires économiques de l'Algérie, nul acquis n'est définitif et nous devons veiller à maintenir et autant que possible accroître nos positions et marchés”, poursuit le président. Il évoque également “des difficultés” rencontrées, parfois, par les entreprises françaises opérant en Algérie qui “nécessitent un accompagnement extérieur”. “Dans ce contexte, l'intervention d'une personnalité spécifiquement chargée des relations économiques bilatérales montrera à nos partenaires algériens comme à nos entreprises, la volonté de la France d'apporter un soutien concret à notre présence en Algérie”, fait valoir M. Sarkozy. Le choix du sénateur n'est pas fortuit. M.Raffarin s'est rendu il n'y pas si longtemps à Alger pour une conférence à l'école supérieure des affaires (ESAA). Il a déjà eu une mission similaire sur la Chine. Loin du premier cercle sarkozyste, M.Raffarin est un homme qui n'a pas hésité à prendre des distances à l'égard de certaines thématiques du parti présidentiel. Cette position lui donne plus de crédibilité dans la mission qui lui est dévolue puisque les relations de l'Algérie avec l'UMP et ses principaux dirigeants, sont quasiment inexistantes. Centriste, le sénateur n'est pas sur la même ligne anti-immigrés et anti-islam de certains de ses pairs. À Matignon, sa plume était le Franco-Tunisien Hakim El-Karoui. Au plus fort de la polémique sur les propos malveillants de Mohamed-Chérif Abbas sur le président Sarkozy, il avait prôné l'apaisement demandant qu'on “ne jette pas de l'huile sur le feu”. M. Raffarin a déjà eu à mener à bien une mission confiée par Nicolas Sarkozy : remettre de l'ordre dans la relation avec la Chine. Avec la mission qui lui est confiée, il va devenir l'interlocuteur des responsables algériens qui ne veulent surtout pas rencontrer le chef de la diplomatie Bernard Kouchner, qui brûle pourtant d'envie de se rendre à Alger. Mais l'ancien french doctor est perçu comme un obstacle à une relation apaisée. Sa gestion catastrophique du dossier de Mohamed-Ziane Hasseni qu'il a voué au mépris pendant qu'il accordait toute sa déférence à la Rwandaise Rose Kabuyé, a laissé des traces difficiles à effacer. Si M. Koucher devait — hypothèse improbable — survivre au prochain remaniement ministériel, il ne trouvera personne pour l'accueillir à Alger. Mais déjà, il peut se considérer dessaisi du dossier Algérie avec la mission confiée à M. Raffarin. Au demeurant, il n'a pas de prise sur les affaires diplomatiques de son pays, gérées depuis l'Elysée par Jean-David Levitte et Claude Guéant.