“Le FFS a changé de ligne et c'est dangereux", ses responsables “empruntent leur discours aux deux partis du pouvoir, le FLN et le RND", accusent les contestataires. Les militants contestataires du FFS ont choisi l'esplanade de l'ancienne mairie de Tizi Ouzou, ce lieu historique où a été proclamée la création du FFS, le 29 septembre 1963, pour organiser, jeudi dernier, leur meeting de “l'espoir", comme il a été qualifié par les organisateurs pour exprimer leur mécontentement vis-à-vis du parti de Hocine Aït Ahmed. Après avoir placé leur démarche sous les slogans très significatifs, tels que “Pour une alternative démocratique", “Ni Etat policier ni Etat intégriste", “Pour la réhabilitation de la ligne politique du FFS", les intervenants, tous des figures connues du parti d'Aït Ahmed, se sont étalés sur la situation actuelle du parti et se sont penchés sur la situation politique du pays. Ali Kerboua, premier intervenant, s'est d'emblée positionné, au même titre que ses camarades, comme étant “les vigiles du FFS". “Nous avons toujours veillé sur le parti. Aujourd'hui, nous voulons rassembler car nous avons perdu beaucoup de cadres dans des crises internes qui pouvaient bien être résolues. Actuellement, le FFS a changé de ligne, de concept et de discours, et c'est dangereux. Les responsables du FFS utilisent un discours et un vocabulaire empruntés au FLN et au RND", dira Ali Kerboua. “La participation du FFS aux législatives était peut-être tactique, mais rien ne justifie la déviation de la ligne du parti", ajoutera-t-il. Djoudi Mammeri, autre intervenant, devant quelques centaines de militants et sous un soleil torride a, quant à lui, estimé utile de passer un message “d'espoir" à la jeunesse. “Nous sommes le parti de l'espoir et du renouveau. À l'horizon, je vois des jeunes qui veulent fuir le pays. Un message pour eux : aspirez à être les meilleurs dans le monde. Nous avons besoin d'un pôle démocratique, et il sera guidé par la locomotive du FFS. Il faut être vigilant et présent sur le terrain, c'est pourquoi nous avons opté pour cette alternative. Nous sommes sortis de notre ‘retraite dorée', oui, mais pour réoccuper les places publiques !" De son côté, Mustapha Bouhadef, autre figure emblématique du FFS, s'est proclamé “toujours du FFS, le vrai. Les principes, ce n'est pas seulement l'appartenance organique, tout ce que nous entreprenons, c'est pour le parti et les idées du FFS. Nous sommes pour une alternative démocratique et nous allons appeler à une conférence nationale pour la construction de cette alternative. Au FFS, nous sommes pour une lutte pacifique, sans aucune concession, basée sur les principes du parti", dira encore l'orateur. Samir Bouakouir, autre figure présente à cette rencontre, rappellera que “sur cette place même où était proclamée la création du FFS, je proclame, mes camarades et moi, aujourd'hui, la renaissance de ce parti. Nous avons combattu et nous combattrons la dictature des clans d'Oujda. Ce qui nous réunit aujourd'hui, c'est la préservation du FFS. Nous sommes face à un système autoritariste qui refuse de voir que le peuple existe. Il est temps que le citoyen s'organise. Nous travaillons pour la réhabilitation du politique et de la politique. Comme il vient d'être annoncé, nous allons vers l'organisation d'un rassemblement des pôles démocratiques qui va s'élargir, tout en sortant de la culture du chef et de l'homme providentiel, et ce, en faisant appel à tous les patriotes et militants, quel que soit leur parti, à adhérer à cette initiative", a-t-il affirmé. Et de conclure : “Le FFS n'est pas un parti à vendre, car il peut rassembler." Djamel Zenati, dernier intervenant, pointera du doigt les dirigeants du FFS qu'il accusera “de venir au secours du système qui travaille pour l'avènement de l'intégrisme. Cinquante ans après l'Indépendance, nous faisons un triste bilan de la situation du pays. Une mémoire gâchée. Les mêmes pratiques, des assassinats politiques, des kidnappings, une économie basée sur les extractions. Concernant le FFS, nous avons toujours été un parti de gauche, mais il semblerait qu'aujourd'hui, pour être du parti, il faut avoir de l'argent, il faut que nos responsables sachent que le FFS est une mémoire, une histoire, un idéal et nous n'hypothéquerons pas la vie de nos enfants. Ce sont les mêmes qui ont financé la campagne du FFS et celle du FLN. C'est dire que la dictature coûte cher !" dira Djamel Zenati, qui, au final, rappellera que “la société civile doit s'organiser avant l'Etat". “Un autre 1er Novembre doit être réinventé, mais d'une manière pacifique. Nous rejetons l'autoritarisme", conclura-t-il, avant que les initiateurs de ce regroupement n'annoncent d'autres campagnes de proximité dans les prochains jours. K T