Il plaide pour le triptyque “objectivité, proximité, amitié" sur lequel devrait, selon lui, reposer la relation entre les deux pays. Fabius voit d'emblée un partenariat de grande dimension entre l'Algérie et la France. Les relations algéro-françaises se réchauffent depuis l'accession de la gauche au pouvoir. Des deux côtés de la Méditerranée, des signaux d'un renouveau sont lancés. Et ça s'accélère. Echange de messages et début de contact fort avec la visite du MAE français, Laurent Fabius, à Alger, sa première dans un pays arabe. “J'ai senti qu'il y avait un nouvel état d'esprit dans nos relations", a-t-il affirmé, hier, lors d'une conférence de presse avant son retour à Paris. Evidemment, l'économie a été au centre des discussions. Politique aussi. Fabius a évoqué avec ses interlocuteurs algériens (Président, MAE, président de l'Assemblée) “les projets majeurs", le dossier Renault, Lafarge, la pétrochimie. Et pour la défense, Fabius avait dans ses cartons le projet de loi relatif à l'accord de défense qu'il a proposé en Conseil des ministres. Pour l'accord de 1968, il le renvoie à son collègue de l'Intérieur, Valls, qui sera bientôt à Alger. Sous le signe d'“objectivité, proximité et amitié", qui tranche nettement d'avec la période Sarkozy, Fabius voit d'emblée un partenariat de grande dimension avec l'Algérie. Pour résumer cet état d'esprit, le MAE français a affirmé que “c'est une visite qui correspond à ce que nous attendions". Un sentiment qu'“une nouvelle page dans les relations est en train de s'écrire", a-t-il avoué. Pour le reste, il a tenu à apporter des précisions sur ses déclarations et les positions de la France sur certains dossiers internationaux. Sur la crise malienne, Fabius a souligné qu'il n'y avait pas de divergence entre Alger et Paris pour la solution. Et que Français et Algériens savent qu'il y a des progrès à faire au Sud. “Nous sommes d'accord pour dire que le Nord est extrêmement dangereux et qu'il faut traiter la question du terrorisme", manière pour lui de démentir les accusations de “va-t-en-guerre" de la France que “certains journaux" ont avancé. Sa position consiste à soutenir une solution politique dans le Sud et un traitement “militaire" du problème du terrorisme dans le Nord. Son propos devient plus nuancé lorsqu'il évoque la position de son pays sur la question sahraouie. La France est pour le respect de la légalité internationale, une position similaire à celle de l'ONU. “Cette position sera celle de la France." “Mais, a-t-il précisé toutefois, nous sommes favorables à tout ce qui peut rapprocher l'Algérie et le Maroc." Il a opéré un détour “diplomatique" pour éviter la question, sachant que la France a de tout temps soutenu le Maroc ainsi que son plan d'autonomie. Comme si le conflit est entre l'Algérie et le Maroc. Il a également précisé sa position sur la question syrienne. Selon lui, c'est le régime de Bachar al-Assad qui a déclenché cette crise et qu'il est à l'origine des exactions. Il prévient surtout sur le risque que cela se transforme en une guerre confessionnelle. Il a déclaré que la France, avec les autres partenaires, travaille pour une transition politique et la préservation de l'intégrité de la Syrie. “Une transition où toutes les communautés seront respectées", a-t-il dit. Les autres questions, a-t-il souligné, seront abordées par les deux présidents lors de la visite de François Hollande en Algérie. D B.