Nous présentons ici la première partie d'une contribution sur l'évolution du système financier algérien depuis l'indépendance. La Banque centrale d'Algérie (BCA) exerce les fonctions classiques d'une banque centrale. Il est à signaler qu'il n'existe pas un partage strict des domaines d'intervention entre les trois établissements BEA, BNA et CPA. Les bilans publiés par les banques sont excessivement synthétiques et indiquent rarement la prise en charge par l'état des défaillances. Une fraction appréciable des crédits bancaires est en fait immobilisée, voire irrécouvrable. Le caractère volontariste des interventions bancaires se déduit de la part des entreprises publiques du trésor et des collectivités locales dans les financements. Les crédits accordés aux entreprises privées restent très modiques, ceux aux ménages étaient nuls jusqu'à ces dernières années qui ont vu les prêts à la consommation flamber. La couverture des financements par les dépôts est faible. D'ailleurs 70% des dépôts aux CPA étaient constitués d'avoirs des entreprises, la part des particuliers qui thésaurisent énormément, ne dépassant pas un quart. Les banques algériennes distribuent des prêts sur fonds publics. La BAD, établissement dont le bilan est de très loin le plus important, finance les investissements des entreprises publiques sur des ressources d'emprunts levés en son nom propre auprès d'institutions financières internationales pour une faible part (6,5 milliards) et sur des fonds publics pour l'essentiel (228,5 milliards de dinars). Elle constitue en outre le canal de transmission des concours définitifs de l'état, accordés essentiellement pour la réalisation des infrastructures économiques du pays. Plus généralement, jusqu'à une période récente, l'ensemble des financements bancaires d'investissement étaient soumis aux règles strictes de la planification. La réforme de l'entreprise publique doit logiquement entraîner celle de la banque avec une réduction de ses interventions sur ressources publiques. Les banques devant décider de manière autonome du financement des investissements décentralisés. La description des circuits et des institutions de financement suggère : - La nature exogène de l'offre de monnaie. La création de monnaie ainsi que le volume de la masse monétaire sont des variables instrumentales au service du modèle de développement économique et social. - L'ambiguïté de la place de l'appareil bancaire dans l'économie algérienne. étatique sur le plan juridique, celui-ci risque de subir les influences des techniques et des comportements des banques d'économie libérale. Son approche (qui s'avère de moins en moins discutée) consisterait à ne financer que les projets d'investissement financièrement rentables, pris un à un. étudier l'offre de monnaie revient à étudier la quantité de monnaie créée pour permettre à l'économie de fonctionner et de croître selon les besoins de l'économie. Cependant, la création monétaire, si elle est fonction de la politique de croissance, dans le court terme, se trouve soumise à certains facteurs hétérogènes qui déterminent son évolution : revenu national, réserves de change, structure des prix relatifs et niveau moyen des prix des biens et services, taux de salaire, thésaurisation, etc. Il est à noter le fort accroissement de la masse monétaire qui passe de 4,116 milliards de dinars en 1962 à 59,64 milliards de dinars en 1977 (centre de documentation de la Banque centrale d'Algérie). La masse monétaire a été multipliée par 125 environ durant la période. C'est le démarrage du plan triennal (1967-69) qui a accéléré le processus, puisque la masse monétaire a été multipliée par 7,5 entre 1967 et 1977. De ce fait, la valeur de la monnaie s'est dépréciée. La création monétaire a été tirée par l'industrialisation hautement capitalistique. En comparant l'évolution de la masse monétaire à celle du produit intérieur brut à prix constants entre 1966 et 1972, il ressort que l'accroissement de la masse monétaire est élevé en Algérie. Une corrélation existe bel et bien entre le taux de croissance du produit intérieur brut et l'accroissement de la création monétaire. On constate cependant une irrégularité de la variation du taux de croissance du stock de monnaie. Entre 1970 et juillet 1977, la masse monétaire s'est accrue de 330% et les crédits à l'économie de 566%. Les prix étant contenus et bénéficiant de subventions, leur stabilité assure celle de la VPM. En examinant de près l'évolution de la masse monétaire, on peut constater sa croissance rapide. Celle-ci a été multipliée par 70 entre 1966 et juin 1991, ce qui est excessif si l'on compare avec la PIB qui a été multipliée par 27, entre 1967 et 1990 (figure 1.4.) monétaire et à une tentative de maîtriser les crédits distribués aux entreprises. Le dispositif banques-entreprises mis en place en 1996 impose l'assainissement des sociétés publiques comme condition de la transformation des découverts en crédits à moyen terme. La reconstitution des fonds de roulement est soumise à la mise en œuvre de programmes de redressement rigoureux (Banque d'Algérie, internet 1999). Le résultat est une stabilisation des crédits à l'économie. La principale source de la croissance monétaire est la formation des avoirs extérieurs nets de la banque d'Algérie qui se sont élevés à 351,5 milliards de la fin décembre 1997, contre 133,9 milliards de dinars à fin décembre 1996. En termes d'évolution des différentes composantes de la masse monétaire, on peut noter une augmentation de la monnaie scripturale et de la quasi-monnaie (dépôts à vue et à terme) plus prononcée que la monnaie fiduciaire. Dès 1980 il y a l'émergence d'un secteur d'état prédominant et grandissant dont les opérations se font obligatoirement depuis 1970/71 en monnaie scripturale. Tirant les leçons d'une dégradation de la valeur relative de la monnaie sur les marchés parallèles et sous la pression du FMI, les autorités algériennes ont réduit les financements monétaires des déficits récurrents, comprimant ainsi la masse monétaire. Auparavant l'expansion monétaire s'expliquait par la politique de crédit facile au secteur public productif et aux créances sur le Trésor public, surtout depuis le milieu des années 1980. L'inflation s'est propagée à l'ensemble de l'économie et à tous les secteurs. Avec le premier plan quadriennal (1970-73), l'élaboration du programme d'investissement a été centralisée et son exécution a dû s'accompagner d'un assèchement de la trésorerie des entreprises publiques (par la fiscalité et les emprunts d'état obligatoires) et d'une centralisation du financement auprès des banques commerciales. C. S. *professeur en finances à la Sorbonne