La Syrie n'utilisera ses armes chimiques qu'en cas d'“agression étrangère", a prévenu le porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères. “Aucune arme chimique ou non conventionnelle ne sera utilisée contre nos propres citoyens (...), ces armes ne seront utilisées qu'en cas d'agression étrangère", a indiqué Jihad Makdessi, lors d'une conférence de presse à Damas. “Elles ne seront jamais, jamais utilisées contre nos citoyens, quelle que soit l'évolution de la crise", a-t-il ajouté. “Ces différentes armes sont stockées et sécurisées sous la supervision des forces armées et ne seront utilisées que dans le cas où la Syrie ferait face à une agression extérieure", a répété le porte-parole. “Les généraux décideront quand et comment ces armes seront utilisées", a-t-il poursuivi. Damas répond ainsi aux allégations de Washington et de Tel-Aviv, qui ont rué dans les brancards en évoquant la possibilité de voir le régime d'Al-Assad les utiliser. Comme dans tous les pays de la région, Bachar al-Assad doit en posséder, mais ce n'est pas le principal stock du Moyen-Orient comme on a pu l'écrire en Occident, en Arabie Saoudite et au Qatar. La palme dans le classement de ces armes sales est toujours détenue par Israël, également première puissance nucléaire dans la région. Le scénario des armes de destruction massive utilisées contre l'Irak pour justifier l'intervention américaine en 2003 serait-il en œuvre ? Washington et Jérusalem en alerte depuis “la fuite" d'un général de Damas en exil à Istanbul sur l'existence d'importants stocks d'armes chimiques en Syrie. Outre le risque que le régime syrien, acculé par des insurgés loin de baisser les bras malgré la terrifiante répression, utilise ces armes contre sa propre population, Obama et Netanyahu disent redouter surtout la dissémination de l'arsenal syrien entre les mains des groupes extrémistes échappant à tout contrôle étatique ou international. Dans leurs collimateurs, les groupes jihadistes liés à Al-Qaïda et Hezbollah libanais pro-Damas et pro-iranien qu'Israël a accusé d'être derrière l'attentat qui a visé ses touristes en Bulgarie. Les dépôts d'armes chimiques, accumulées à l'époque de l'Union soviétique et, plus tard, grâce au concours de l'Iran, sont dispersés un peu partout sur le territoire syrien, alertent les deux chefs de gouvernement. De quoi justifier une intervention que le Conseil de sécurité vient pour la troisième fois consécutive depuis “le printemps de Damas", 16 mois environ, de rejeter grâce au double veto russo-chinois. Washington devait après le niet de Moscou faire part de sa décision d'envisager d'autres alternatives que le recours à l'ONU. Le contexte politique et militaire de l'existence de ces armes chimiques devient de plus en plus dangereux dès lors que le plan de paix de Kofi Annan n'existe pratiquement plus, et que le régime syrien est en train de déclencher une lourde offensive contre l'opposition. Washington n'a pas perdu son temps dans sa détermination à former une coalition hors ONU susceptible de fournir toute assistance nécessaire aux forces hostiles à Bachar al-Assad. Si Washington et Jérusalem venaient à sortir des preuves d'utilisation d'armes chimiques, les Américains ou Israël pourraient bombarder des sites syriens, des zones militaires. D. B