Les pays de la Ligue arabe ont pressé le président syrien Bachar al-Assad de renoncer rapidement au pouvoir en échange d'une sortie "sûre" pour lui-même et sa famille, au terme d'une réunion à Doha. Dans leur communiqué final publié tard dans la nuit d'avant-hier, les ministres des Affaires étrangères des pays de la Ligue ont appelé Bachar al-Assad à "renoncer au pouvoir", l'assurant que "la Ligue arabe contribuera à lui assurer et à sa famille une sortie sûre". Cette initiative est destinée à "mettre fin à l'effusion du sang", "préserver l'unité de la Syrie" et "garantir une transition pacifique du pouvoir" dans ce pays, membre de la Ligue arabe, selon le texte Un gouvernement d'unité nationale Le Premier ministre du Qatar, cheikh Hamad Ben Jassam Al-Thani, a déclaré aux journalistes qu'"il y a une entente sur une démission rapide du président Bachar al-Assad pour une sortie sûre", en rendant compte des travaux du Comité ministériel arabe chargé de la crise syrienne, suivie de la réunion ministérielle des pays de la Ligue arabe .Il a ajouté que les ministres avaient appelé l'opposition et l'Armé syrienne libre (ASL), formée de déserteurs et de civils armés, à mettre en place un gouvernement de transition. "L'opposition et l'ASL sont appelées à former un gouvernement d'unité nationale", a-t-il dit. Ce gouvernement, qui aura à "favoriser une transition pacifique", doit "rassembler les forces de l'opposition en Syrie et à l'étranger" ainsi que "l'autorité nationale de facto", ont indiqué les ministres dans leur communiqué final sans préciser ce qu'ils entendent par autorité "de facto". Al-Assad pressé de prendre une décision courageuse Ils ont en outre appelé l'ONU à modifier le mandat de l'émissaire international en Syrie Kofi Annan pour que sa mission soit axée sur le départ de Bachar al-Assad et une transition pacifique du pouvoir, selon le texte. Le Premier ministre du Qatar et le secrétaire général de la Ligue arabe Nabil al-Arabi ont été chargés de se rendre à Moscou et à Pékin pour exposer les conclusions de la réunion de Doha aux dirigeants de Russie et de Chine, alliées de Damas, qui ont usé de leur veto au Conseil de sécurité de l'ONU à trois reprises pour bloquer des résolutions prévoyant des sanctions contre le régime de Bachar al-Assad. Parallèlement, les pays arabes vont demander une réunion extraordinaire de l'Assemblée générale de l'ONU pour la création en Syrie de "zones de sécurité" et "des couloirs humanitaires" notamment. Cheikh Hamad a exhorté le président Assad à prendre une décision "courageuse" pour sauver son pays. "Il peut arrêter les destructions et les tueries en prenant une décision courageuse", a-t-il martelé, indiquant qu'un seul pays de la Ligue arabe, qu'il n'a pas nommé, avait émis des réserves sur le communiqué final. Les ministres ont décidé d'allouer, par le truchement de la Ligue arabe, une aide de 100 millions de dollars aux réfugiés syriens, a indiqué cheikh Hamad. A l'ouverture de la réunion du Comité ministériel, le responsable qatari a indiqué que la mission de Kofi Annan "doit changer" pour assurer "un transfert pacifique du pouvoir" en Syrie. Les réunions de la Ligue arabe se sont tenues alors que l'armée syrienne, appuyée par des chars, a lancé, avant-hier, des offensives pour reprendre des quartiers de Damas et d'Alep (nord) au lendemain de succès des rebelles en Syrie. Le comité ministériel sur la Syrie, présidé par le Qatar, regroupe l'Arabie saoudite, le sultanat d'Oman, l'Egypte, le Soudan, l'Algérie, l'Irak et le Koweït. Damas rejette la proposition arabe La Syrie a rejeté, hier, la proposition de la Ligue arabe d'un départ négocié du président Bachar al-Assad et de sa famille, a affirmé à Damas le porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères, Jihad Makdessi. "Nous sommes désolés que la Ligue arabe se soit abaissée à ce niveau envers un pays membre de cette institution. Cette décision revient au peuple syrien qui est le seul maître de son sort", a-t-il dit. Washington demande à Damas de protéger son arsenal sensibles Washington a demandé, avant-hier, à Damas de protéger son arsenal d'armes sensibles, estimant que le gouvernement syrien devrait rendre des comptes s'ils n'en assuraient pas la sécurité. "Le gouvernement syrien est responsable de la sécurité et du stockage des armes chimiques, et la communauté internationale fera rendre des comptes à tout responsable syrien qui ne remplirait pas cette obligation", a affirmé le porte-parole du président Barack Obama, Jay Carney. "Les Etats-Unis surveillent de près les matériaux sensibles de la Syrie, parmi lesquels des armes chimiques et nous pensons que les armes chimiques syriennes sont toujours contrôlées par le gouvernement syrien", a déclaré M. Carney face aux journalistes dans l'avion Air Force One transportant M. Obama au Colorado (ouest). "On utilisera les armes chimiques qu'en cas d'agression étrangère" La Syrie n'utilisera ses armes chimiques qu'en cas d'agression étrangère, a prévenu le porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères. Aucune arme chimique ou non conventionnelle ne sera utilisée contre nos propres citoyens, ces armes ne seront utilisées qu'en cas d'agression étrangère, a indiqué Jihad Makdessi lors d'une conférence de presse à Damas. Elles ne seront jamais, jamais, utilisées contre nos citoyens, quelque soit l'évolution de la crise, a-t-il ajouté. Ces différentes armes sont stockées et sécurisées sous la supervision des forces armées et ne seront utilisées que dans le cas où la Syrie fait face à une agression extérieure, a répété le porte-parole. Les généraux décideront quand et comment ces armes seront utilisées, a-t-il poursuivi. Paris, Londres et Berlin veulent renforcer l'aide humanitaire La France, le Royaume-Uni et l'Allemagne ont plaidé, hier, pour que l'Union européenne renforce son aide humanitaire aux réfugiés syriens qui affluent notamment en Jordanie et au Liban, ont indiqué leurs ministres des Affaires étrangères à Bruxelles. "Nous devons désormais augmenter notre aide humanitaire aux gens qui fuient en traversant les frontières, notamment en Jordanie", a souligné le chef de la diplomatie britannique William Hague. Son homologue français Laurent Fabius a lui aussi plaidé pour aider les pays voisins comme le Liban et la Jordanie qui sont obligés d'accueillir beaucoup de réfugiés. Dans un document diffusé par l'Allemagne en marge de la réunion des ministres européens des Affaires étrangères, Berlin plaide aussi pour étendre l'aide humanitaire à des parties de la population que la communauté internationale n'a pas été capable d'atteindre à ce stade. Plus globalement, le besoin d'aide humanitaire augmente de façon dramatique. La communauté internationale et l'Union européenne doivent être prêtes à répondre maintenant, souligne ce document. Les civils sont des milliers à fuir la violence chaque jour, a souligné récemment le CICR, qui souligne que si certains parviennent à fuir la Syrie, d'autres trouvent refuge dans des bâtiments publics, dont des écoles. Selon des chiffres du HCR datant du 18 juillet, 120 000 réfugiés syriens se trouvent en Jordanie, au Liban, en Turquie et en Irak.