La guerre larvée qui se déroule en Syrie, avec son cortège de morts quotidien, fait réagir Israël. Alors que le président syrien, Bachar Al-Assad semble de plus en plus aux abois, les militaires israéliens se préparent au pire. Des renforts en hommes et en matériels ont commencé la semaine dernière, à être déployés à la frontière nord de l'Etat hébreu, notamment sur le plateau du Golan, une région stratégique, conquise par Israël sur la Syrie, il y a 45 ans. Par mesure de sécurité et de précaution, l'armée israélienne a renforcé la clôture électronique qui se dresse sur le plateau du Golan, les postes de surveillance et d'écoute ainsi que l'envie des patrouilles. Des blindés et des stocks de munitions avec des pièces détachées, ont également été acheminés vers des bases toujours sur le front Nord du pays pour éviter toute pénurie en cas de conflit avec la Syrie voisine. Le commandement militaire israélien a, lui aussi, multiplié les avertissements, et prévu qu'il n'hésiterait pas à frapper si nécessaire. En effet, l'armé israélienne redoute deux scénarios catastrophe : le chef de l'Etat syrien pourrait être tenté par une offensive surprise contre l'Etat d'Israël pour faire diversion et faire jouer en sa faveur le réflexe de l'union nationale face à «l'ennemi» de toujours, en l'occurrence l'Etat hébreu. Une menace prise, très au sérieux par des diplomates interrogés au siège de l'ONU à Genève. Selon eux, (qui ont tenu à garder l'anonymat), la Syrie dispose d'armes chimiques et bactériologiques ainsi que de roquettes et de missiles, fournis par la Russie, et capables d'atteindre presque l'ensemble du territoire israélien. L'Etat hébreu redoute également le transfert d'armes sophistiquées ou chimiques qui se trouvent actuellement en Syrie au Hezbollah, puissante milice chiite libanaise, proche alliée de la Syrie. D'après des diplomates et experts des Nations unies, chargés du dossier arabo-israélien, la chute possible du dictateur de Damas ne suscite à Jérusalem, aucun enthousiasme, tant les inconnues sont nombreuses. Israël craint que des islamistes armés, voire des sympathisants ou des membres d'Al-Qaïda, qui combattent ces derniers mois en Syrie contre le régime de Bachar Al-Assad, profitent du chaos général pour se livrer à des attaques et des infiltrations de commandos en territoire israélien. Certes, «Bachar Al-Assad est un ennemi, mais avec lui, les règles du jeu sont claires, ce qui n'est pas le cas avec des terroristes», souligne l'un d'entre-eux. Sur le papier, Israël et la Syrie sont en état de guerre. Le président syrien, ainsi que son père Hafez Al-Assad avant lui, ont toutefois maintenu le calme total depuis près de trois décennies à la frontière entre les deux pays. Une situation qui risque de ne pas durer. Sur l'avenir du président Bachar Assad, les chefs des renseignements militaires israéliens se montrent prudents et modestes à la fois. Après s'être lourdement trompés en prédisant une chute rapide du régime syrien, ils estiment désormais que le chef de l'Etat syrien pourrait encore s'accrocher au pouvoir jusqu'à la fin de l'année en cours, voire même plus. Comme on le voit, l'Etat d'Israël reste sur le qui-vive.