Le Ramadhan étant le troisième pilier de l'islam, il est obligatoire pour tout musulman en bonne santé physique et mentale à partir de l'âge de la puberté. Le diabète est une maladie chronique irréversible, c'est une élévation de sucre dans le sang qui n'est pas sans conséquence. Après plusieurs années, il peut entraîner des soucis de circulation sanguine et des problèmes de vue. Il est nécessaire de contrôler régulièrement sa glycémie et de la surveiller, ceci pour limiter les complications. Régime, exercices physiques, les médicaments soit l'insuline ou les hypoglycémiants oraux sont indispensables pour la prise en charge de cette maladie. Il faut aussi se soumettre aux différents examens qui permettent de dépister très tôt les complications. L'hémoglobine glyquée qui reflète la glycémie des trois derniers mois doit être maintenue au-dessous de 7%. Le diabétique doit prendre aussi soin de ses pieds, car le diabète est la première cause d'amputation non consécutive à un accident. L'hyperglycémie (augmentation de sucre dans le sang) a un effet toxique sur les vaisseaux, les artères et les nerfs. Des blessures des pieds (chaussures trop serrées, marche pieds nus) peuvent se développer et dégénérer sans qu'on les remarque, car l'atteinte des nerfs diminue la sensibilité. Le diabétique doit surveiller aussi sa vue, car les spécialistes disent qu'après 15 ans de diabète, une personne sur dix souffre de graves handicaps visuels. Le problème le plus fréquent, c'est la rétinopathie diabétique qui est due à l'atteinte des petits vaisseaux qui irriguent la rétine et qui vont éclater. Le bilan annuel va comprendre un fond d'œil qui permettra de visualiser les anomalies. Toutefois la chirurgie au laser faite dans les temps permet de réduire de 60% le risque de perte grave de la vue. Le diabétique doit mesurer sa tension artérielle et contrôler son cholestérol parce que cet état va favoriser le dépôt d'athérome sur les parois des artères qui se boucheront et seront à l'origine de maladies cardiovasculaires. L'obésité, le tabac et la malbouffe n'arrangent pas les choses. Le cerveau, le rein peuvent être touchés. Pour toutes ces raisons le jeûne du diabétique n'est pas une pratique anodine, il a un impact sur son organisme qui n'est pas sans risque, car en fonction de l'état de santé et de l'évolution du diabète, le jeûne (pas de nourriture et de boisons pendant 14 heures par jour) surtout en été pendant 30 jours peut engendrer des complications. Que se passe-t-il dans l'organisme lors du jeûne du diabétique ? Le glucose, indispensable à la vie, va pénétrer sous l'action de l'insuline dans les cellules et il aura pour tâche de fabriquer de l'énergie (ATP). Lorsqu'on mange, tout le glucose ne sera pas utilisé immédiatement, une partie sera stockée dans le foie. Lorsqu'on jeûne, la quantité de glucose circulant diminue, la production d'insuline aussi, devant cette situation le foie va commencer à libérer ses réserves, néanmoins les réserves hépatiques ne sont pas infinies et ne permettent de couvrir qu'environ 24 heures de jeûne, d'où les risques suivant : 1- hypoglycémie : pendant le jeûne le diabétique ne pourra rien ingérer ni liquide, ni solide surtout si ce dernier n'a pas pris soin d'adapter son traitement en concertation avec son médecin, une diminution de sucre dans le sang va être constatée. 2- hyperglycémie : au coucher du soleil une alimentation abondante va provoquer une augmentation de sucre dans le sang, les signes d'appels seront une soif intense et une envie fréquente d'uriner. Une quantité importante de glucose circulant dans le sang associée à un manque d'insuline va obliger l'organisme à ne plus utiliser le glucose circulant pour nourrir ses cellules. Il va alors dégrader les graisses pour produire de l'acétone qui va acidifier le sang, et si rien n'est entrepris arrivera un état acidocétosique avec une nécessité d'apporter de l'insuline en injectable pour y remédier. 3- la déshydratation : c'est un risque non négligeable surtout en période de chaleur et une restriction hydrique de plus de 14 heures. Une consultation et un bilan doivent être faits par le malade un mois avant l'arrivée du Ramadhan. Le médecin traitant va prodiguer des conseils, adapter le traitement en fonction de la glycémie et de l'hémoglobine glyquée. Une autosurveillance doit être rigoureuse pendant le Ramadhan après que le médecin aura donné son accord. Une glycémie capillaire doit être faite avant chaque repas et deux pendant le jeûne, si la glycémie est inférieure à 70 g/l le patient doit rompre impérativement son jeûne. Il est nécessaire de limiter l'activité physique surtout en période de chaleur. Les personnes exerçant une activité physique soutenue doivent faire très attention. Toutefois si le médecin traitant découvre que le diabète est déséquilibré, qu'il existe des complications, qu'il existe d'autres maladies (hypertension artérielle ou infection) que le malade est traité par l'insuline, il conseillera à ce dernier d'éviter de pratiquer le jeûne, car des complications peuvent survenir à tout moment : hypoglycémie pendant le jeûne qui peut être mortelle, hyperglycémie pendant le ftour qui peut être aussi mortelle, un coma cétoacidosique et une déshydratation. En conclusion, le Ramadhan est obligatoire pour tout musulman en bonne santé physique et mentale, toute maladie chronique pouvant se compliquer lors du jeûne autorise le malade à ne pas le faire. L'Algérien étant très pratiquant accepte mal qu'on lui dise qu'il ne peut pas faire le Ramadhan, mais l'islam l'autorise et n'accepte pas le suicide, car la santé est notre capital. B. A. K.