Médecins comme hommes de religion interdisent aux diabétiques présentant des risques de complication d'observer le jeûne. Cette année, le Ramadhan coïncidera avec le mois le plus chaud. Cela n'est pas sans causer de nombreux problèmes aux malades chroniques et surtout aux personnes atteintes de diabète. Quel est donc l'impact du jeûne sur les diabétiques? Et quels sont les diabétiques qui peuvent satisfaire à cette obligation religieuse? Ces malades, étant très sensibles et fortement exposés aux dangers des hyper et des hypoglycémie, quelles précautions doivent-ils prendre et quel régime adopter? A ce sujet, l'avis des professionnels de la santé est sans équivoque. Selon Mohamed Belhadj, professeur en diabétologie et médecine interne, en situation normale, les apports en eau couvrent les pertes engendrées par la transpiration, les sudations, les urines et autres. Pendant le Ramadhan, et a fortiori cette année où la durée du jeûne atteint 18 heures par jour en pleine chaleur, le premier risque est la déshydratation. Il est majoré chez le diabétique et il peut, de ce fait, l'exposer au coma avec hyperglycémie majeure mortelle. Cette déshydratation peut également favoriser la thrombose. Cette dernière est la complication des vaisseaux qui se bouchent. Une telle situation peut provoquer des accidents vasculaires cérébraux (AVC), des gangrènes et autres. Outre la déshydratation, le sujet diabétique est également exposé à l'hypoglycémie qui est une baisse du taux de sucre dans le sang. Elle peut rapidement mettre sa vie en danger. Selon le Pr Belhadj, «4% des décès chez les diabétiques pendant le Ramadhan sont dûs aux hypoglycémies». Le deuxième danger est l'hyperglycémie qui est une élévation du taux de sucre dans le sang. Dans certains cas, elle peut même plonger le malade dans un coma profond. «Ce sont tous ces risques qui conditionnent l'autorisation de jeûner ou non», ajoute le Pr Belhadj. Alors, qui parmi les diabétiques ne doit pas jeûner? Le spécialiste évoque les diabétiques de type1, qui sont traités exclusivement par l'insuline, appelés insulinodépendants. Viennent ensuite tous les autres types de diabétiques qui ont présenté des hypoglycémies sévères durant les trois mois précédant le Ramadhan, ceux qui ont des antécédents d'hypoglycémies non ressenties, «en plus de ceux qui ont un très mauvais contrôle glycémique qui représente le risque de coma hyperglycémique», énumère le professeur. «L'hypertension artérielle, par exemple, quand elle est associée au diabète et traitée par plusieurs médicaments, dicte l'interdiction de jeûner», explique le professeur. Pour ce qui est des sujets qui peuvent jeûner, il parle de ceux présentant un diabète de type2, récent, non compliqué, traité uniquement par un régime diététique ou par des médicaments n'exposant pas à l'hypoglycémie. «Cela dit, il existe toujours un risque même modéré et le malade doit toujours demander conseil à son médecin traitant», tient-il à mettre en garde. Du point de vue religieux, l'Islam n'impose pas le jeûne aux croyants atteints d'une maladie chronique que le jeûne peut aggraver. Mieux encore, il le leur interdit formellement. Les diabétiques étant les plus vulnérables à ces jeûnes prolongés, «ils doivent consulter leur médecin, lequel pourra les conseiller et modifier éventuellement leur traitement», indique le docteur Benazzouz, enseignant en Sciences islamiques à l'université d'Alger. Il ajoute que si un musulman a l'autorisation de ne pas jeûner, mais qu'il insiste pour le faire, il commet un acte répréhensible puisqu'il nuit à sa santé et refuse d'accepter la dispense accordée par Dieu.